Certes, il reste encore le championnat du monde rapide et blitz du 26 au 30 décembre… Je m’envole pour Riyad (Arabie Saoudite) dimanche 24, et j’ai souhaité faire un petit bilan de l’année avant. Si une bonne surprise vient clôturer 2017 à Riyad, il sera toujours temps d’en reparler ici après le Nouvel An !
Le premier et principal constat de cette année 2017, c’est que l’objectif principal, à savoir la qualification pour le Tournoi des Candidats, n’a pas été atteint. Quelles que soient les circonstances, qui n’ont pas forcément été favorables, quels que soient les petits détails, qui n’ont pas toujours fonctionné comme je l’aurais souhaité dans les moments-clé, le fait est que j’aurais dû réussir à obtenir cette qualification sur l’échiquier. Du coup, si le bilan de l’année 2017 est globalement positif, comme je l’explique plus loin, il reste néanmoins marqué par cet échec…
Le Grand Chess Tour, une satisfaction notoire
Le principal point positif de l’année, c’est évidemment cette 2e place au classement général du Grand Chess Tour. Je retiens plus particulièrement le tournoi de Paris, avec notamment la dernière journée de blitz qui m’a permis de rattraper Magnus. Malgré ma 3e place, le tournoi de Leuven me laisse plutôt un arrière-goût de déception, car j’étais clairement hors de forme en Belgique, et c’est un miracle que je finisse finalement aussi haut au classement en jouant si mal ! Je me souviens des sauvetages miraculeux contre Anand et Kramnik en rapide, et de ma prestation globale catastrophique en blitz, où je ne voyais qu’un coup sur deux !
Par la suite, ma victoire à la Sinquefield Cup constitue clairement le point d’orgue de l’année. C’est le grand résultat que j’attendais, remporter enfin un tournoi dans lequel étaient présents tous les meilleurs.
Le dernier tournoi à Londres n’a pas changé le podium du Grand Chess Tour.
Malgré la déception d’être passé à un cheveu de la finale, la Coupe du Monde reste également un point très positif pour moi. Je m’explique ! En effet, avoir fait demi-finale en 2013, quart-de-finale en 2015, et à nouveau demi-finale en 2017 constitue pour moi un motif de fierté, car tenir trois semaines dans un tournoi aussi éprouvant, avec des écueils pas évidents dès les premiers tours, montre que j’ai un bon mental, y compris dans les moments difficiles. Au passage, même si je sais qu’il est impossible de faire finale à chaque fois, j’aurais quand même bien aimé y parvenir une fois, pour assurer une qualif aux Candidats, et pour jouer la gagne sur un mini-match !
Une année 2018 sans Grand Prix FIDE
Au niveau des compétitions rapides et blitz, c’est toujours un peu la même histoire, il me manque la régularité. Il y a les jours avec et les jours sans ; on va me dire que c’est un peu le cas pour tout le monde, y compris pour mes collègues du Top mondial en blitz comme Nakamura ou Grischuk. Ni eux ni moi ne sommes à l’abri d’un jour sans, mais en fait, si on regarde Magnus, on voit bien qu’il est au-dessus au niveau régularité ; même dans un jour sans, il sait limiter les dégâts. Il n’y a pas de doute aujourd’hui sur le fait qu’il est le meilleur en blitz et en rapide. Sa domination est cependant beaucoup moins nette en cadence classique… A noter que j’ai dû rencontrer Carlsen, toutes cadences confondues, une dizaine de fois cette année !
A cause de l’annonce tardive du Grand Prix FIDE, je me suis également retrouvé à trop jouer en 2017, entre ces trois tournois supplémentaires, les compétitions du Grand Chess Tour, et les autres engagements que j’avais déjà pris. Au moins, je sais que ça ne se reproduira pas en 2018, qui est une année sans Grand Prix FIDE !
Au niveau du jeu lui-même, un point très satisfaisant est qu’avec les noirs, je n’ai quasiment jamais été en danger ces derniers temps, à l’exception notable de ma partie contre Harikrishna à Palma. Le revers de la médaille, c’est que je n’ai pas gagné assez de parties dans l’ensemble, y compris parfois avec un avantage substantiel. Il est clair que ce doit être un point à travailler, en relation d’ailleurs avec mes ouvertures blanches, qui constituent un axe d’amélioration très clair.
Une dernière échéance importante en 2017
Enfin, pour ce qui est du classement mondial et des points Elo, je me suis globalement stabilisé, avec des variations de l’ordre de 20 points. Ce qui est plutôt prometteur, dans la lignée de l’année 2016, alors qu’en 2015, je faisais un yo-yo incessant. Cette stabilisation peut constituer une base saine pour redonner un coup d’accélérateur plus tard…
Après une dernière échéance importante en 2017 avec le championnat du monde rapide et blitz, les compétitions de 2018 commenceront pour moi à Gibraltar (23 janvier – 1er février 2018). C’est un tournoi que j’aime beaucoup, auquel je participe depuis plusieurs années. C’est bien aussi d’avoir de temps en temps des Opens comme Gibraltar ou l’Ile de Man, car ça permet de sortir des traditionnels tournois du Top, où je rencontre toujours les mêmes joueurs.
[otw_shortcode_quote border= »bordered » border_style= »bordered » background_pattern= »otw-pattern-1″]Candidats 2018 : un pronostic ?Ce sera un tournoi très ouvert, chacun des huit joueurs est en mesure de le gagner. Si j’ai raté la qualification d’un cheveu, cela n’enlève rien au fait que tous les participants sont légitimes, et que je les crois tous capables de s’imposer. Ca va dans le sens de mon opinion selon laquelle le Top 10 mondial actuel est très resserré.
De plus, pour un Tournoi des Candidats, tout le monde est surmotivé, et les circonstances du tournoi peuvent rapidement chambouler tout pronostic préétabli ; il suffit par exemple qu’un joueur soit rapidement dépassé, ou au contraire, qu’un autre bénéficie d’une gaffe adverse en début de tournoi…
Bref, à mon sens, il n’y a pas de favori ![/otw_shortcode_quote]