Après un début de tournoi difficile, j’ai remporté deux parties avant le break qui suivait la ronde 6, me permettant de revenir à 50% avant les quatre dernières rondes. Du coup, j’ai pu aborder la journée de repos le cœur plus léger. Le midi, nous avons déjeuné dans un bateau naviguant sur le Lac de Bienne, une sympathique initiative de l’équipe d’organisation. J’ai ensuite pu rentrer à temps à l’hôtel pour assister au contre-la-montre du Tour de France, avant d’aller faire le kibbitz au Palais des Congrès pour suivre quelques rondes du tournoi de blitz.
Vous l’aurez compris, j’ai fait le choix de décompresser et de me contenter d’une prépa light pour la reprise, contre le champion du monde Magnus Carlsen. Je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il choisisse la ligne 6.f3 contre ma Najdorf, et c’est la raison pour laquelle j’ai totalement improvisé le coup 13…a5, en lieu et place du normal 13…b6.
Même si la position est sans doute objectivement un peu supérieure pour les blancs, j’ai obtenu le scénario que je souhaitais, à savoir une position avec pas mal de contre-jeu à l’aile-Roi. Néanmoins, j’ai raté son coup 24.Dc2!. Il semblerait que 24…e3 25.Fe1 était quand même jouable pour moi, mais sur l’échiquier, ça ne me plaisait vraiment pas ; a posteriori, on voit 25…Txb5 26.axb5 Rf7!. Du coup, j’ai préféré 24…De7, rentrant dans une finale qui a l’air inférieure, mais qui n’est pas si claire en réalité. En tout cas, c’est lui qui a craqué le premier avec 29.Txa5?, laissant ma Tour s’infiltrer dans son camp, puis avec 32.h4?, qui me laisse un gain un peu miraculeux, mais malheureusement très difficile à trouver : 32…fxg2! 33.hxg5 Td2 34.Fe3 Tc2!! était la solution, les blancs n’ayant rien à opposer à l’arrivée décisive du Fou de cases noires.
L’idée est de mettre le Fou en e5, menaçant …Tf1+/ Txf1 Fh2+!/ Rxh2 gxf1=D+. Joli !
Plus tard, sur 35.a7, j’ai compris que 35…Txf2 mènerait à la nulle, et j’ai donc opté pour 35…fxg2 à la place. Malheureusement, après 36.a8=D…
… je n’ai pas vu la possibilité 36…Txa8 37.Fxa8 Cd3!, qui me laissait l’avantage, car 36…Cf3+ 37.Rxg2 Cxe1+ était trop tentant, même si la finale qui s’ensuit est nulle après le précis 42.b4 cxb4 43.c5!. A la fin, je répète les coups pour ne pas risquer de péter un câble et de perdre la partie !
Contre Mamedyarov, j’ai fait face à l’antique variante Dilworth de l’Espagnole ouverte, dans laquelle les noirs donnent deux pièces mineures pour Tour et pion sur f2. J’ai choisi le coup rare 13.Cf1, qui amène un jeu compliqué, mais je ne me suis pas souvenu de tous les détails de mes analyses. Malgré tout, je ne m’en suis pas si mal sorti car il a été imprécis avec 16…h6.
Ici, j’aurais dû poursuivre par 22.g4!, avec une position certes très compliquée, mais sans doute un peu meilleure pour moi. A la place, j’ai préféré 22.Cf4, mais après une longue séquence tactique, la finale est égale, et ce sont même les noirs qui pressent. J’ai trouvé deux bons coups, 34.Ff4 et 37.c4, qui m’ont permis de partager le point rapidement.
Le lendemain, Georgiadis a joué une ligne ultra-solide contre la Grünfeld, et même si j’ai eu l’illusion à un moment que je pourrais obtenir un petit quelque chose, ça n’a jamais été le cas en réalité. Nulle logique.
Heureusement, le tournoi s’est conclu de jolie manière pour moi, face à un Navara qui a raté son ouverture. J’ai tenté d’être subtil dans l’ordre de coups, et ça a marché au-delà de mes espérances ! Ensuite, après avoir obtenu ce que je considérais déjà comme étant une bonne version de l’Italienne, j’ai eu la bonne surprise de voir la manœuvre …Ch7-g5 de sa part. Dès que mon Cavalier a atterri en f5, je savais que cette partie allait être sympa !
Après 15.Cf5 Cg5 16.Cxg5 hxg5, j’ai choisi 17.Dh5, qui je crois, gagne en force, mais même si j’avais joué le simple 17.g3, je ne comprends pas trop quelle était l’idée des noirs.
Dans la partie, aucune tentative de défense noire ne fonctionnait. Par exemple 18…gxf4, au lieu de 18…exf4, perdait sur 19.dxe5 dxe5 20.Tad1, et la menace 21.Txd7! Dxd7 22.Dg4 suivi de 23.Ch6+ est trop puissante : 20…g6 21.Dh6 gxf5 22.exf5 f6 23.Dg6+ Rh8 24.Txe5!, ou 20…f6 21.Fd3! De8 22.Fc4+ Fe6 23.Dg4!.
En écho à la partie contre Carlsen trois rondes plus tôt, les blancs menacent exactement la même combinaison, à savoir 29.Th8+! Rxh8 30.g7+ Rg8 31.Fh7+! Rxh7 32.gxf8=D+.
Au final, le tournoi s’est évidemment mieux terminé qu’il n’avait commencé, c’est l’exception qui confirme la règle de ces derniers temps ! Troisième derrière Magnus et Mamedyarov, qui était intouchable à Bienne, voilà qui était inespéré après trois rondes. Sur le plan du jeu, ça fait aussi du bien de refaire des parties comme celle contre Magnus, qui était vraiment très intéressante. Je n’avais pas joué une partie de ce niveau depuis longtemps…
[otw_shortcode_quote border= »bordered » border_style= »bordered » background_pattern= »otw-pattern-1″]Hello AmericaMercredi 8 août, Maxime s’envolera pour les USA, où il participera aux deux derniers tournois du Grand Chess Tour 2018 (GCT), le Rapide et la Sinquefield Cup à Saint-Louis. Pour l’instant, Maxime est 4e du circuit professionnel GCT, et rappelons que ce sont justement les quatre premiers qui disputeront la finale en décembre à Londres. Début des hostilités à Saint-Louis le samedi 11 août.[/otw_shortcode_quote]
Site officiel : www.bielchessfestival.ch
Les parties de Maxime (rondes 7 à 10) :