Fin de saison 2024

MON MOIS DE DECEMBRE

Retour sur le mois de décembre, qui était assez important en termes de parties Rapides et Blitz, puisqu’il y avait la finale du Champions Chess Tour à Oslo, suivie juste après des championnats du monde Rapide et Blitz à New York. J’étais évidemment très motivé, avec notamment l’objectif que j’avais affiché d’en gagner un des trois. Autant dire que l’objectif n’a pas été réalisé, et ce d’assez loin 😊. Principale cause, et ça s’est vu de manière encore plus criante en Blitz, la profusion de fautes de calcul. C’est quelque chose que l’on avait déjà noté lors du tournoi de Blitz à Londres la semaine précédente.

MVL-Jones, Londres Super Blitz 2024

Dans cette position normale de fin d’ouverture, j’ai joué le terrible 14.Fd2?, oubliant complètement 14…Cd3 avec double attaque sur la Te1 et le pion b2.

Et ces fautes de calcul assez inhabituelles pour moi se sont répétées tout au long du mois, ainsi que des erreurs de jugement étonnantes…

Ainsi, lors de la demi-finale du Champions Chess Tour contre Magnus à Oslo, j’ai vécu une expérience assez nouvelle et assez surprenante. J’ai eu le sentiment de faire jeu égal dans le jeu positionnel, dans le placement des pièces ce qui, je dois l’avouer, est assez rare 😊. Mais en revanche, en termes de tactique pure, j’ai été complètement dominé, ce qui est également très inhabituel !

MVL-Carlsen, Finale CCT Oslo

Dans cette partie, j’avais obtenu une position clairement gagnante, et j’aurais sans doute pu éviter cette finale qui pose de réels problèmes de conversion. Mais ce n’était pas une raison pour jouer l’inepte 47.Cxc6? Cxc6 48.c5, et le verrou en c6 étant infranchissable, la position est complètement nulle.

Il fait froid à Oslo !
Il fait froid à Oslo !

Ceux qui ont suivi mon tournoi à New-York auront remarqué que ces erreurs de calcul ont été particulièrement flagrantes lors de la journée de Blitz, qui qualifiait seulement les 8 premiers pour la phase finale. Et je n’ai jamais pu me mêler à la course à cause de ces fautes vraiment gravissimes, en tout cas par rapport à mes standards habituels. Il y a eu aussi la deuxième journée du Rapide qui s’est mal passée de ce point de vue-là, mais c’était quand même moins manifeste.

A ce jour, je ne sais pas quelle conclusion en tirer mais en tout cas, j’y réfléchis évidemment avec toute mon équipe. C’est un point négatif qui a été très important sur cette fin de saison, et qu’il faudra absolument résoudre en 2025.

LES POLÉMIQUES DE FIN D’ANNÉE

En ce qui concerne le code vestimentaire de la FIDE, j’ai déjà eu l’occasion d’exprimer mon point de vue dans diverses interviews. Pour le meilleur ou pour le pire – et j’ai été assez actif dans les discussions à ce sujet ces dernières années – les règles du code vestimentaire pour cette année ont été expliquées à l’avance, y compris le fait que l’on ne serait pas apparié après une deuxième infraction. Je ne suis pas fan de l’interdiction des jeans et des baskets, mais il y a une logique derrière cela : ne pas avoir à trier le jour même les jeans et les baskets qui sont acceptables pour l’événement et ceux qui ne le sont pas. Une fois que j’ai dit tout cela, les règles en vigueur doivent s’appliquer pour tout le monde, et c’est ce qui s’est passé puisque la FIDE, l’arbitre en chef et Magnus Carlsen sont restés fidèles à leurs principes. Les répercussions publiques ont été un peu malheureuses à mon goût, mais en même temps, dans tous les sports où il y a une décision controversée – par exemple la disqualification de Djokovic à l’US Open 2020 – cela conduit généralement à des débats et à une couverture médiatique intenses.

Pour ce qui est du partage du titre mondial de Rapide, je serais encore plus explicite, ça ne me convient pas. Encore une fois, ce n’est pas quelque chose que l’on voit dans les autres sports. Surtout que là, il y avait quand même encore largement moyen de départager les joueurs. On n’en était qu’à trois parties de départage. J’aurais été plus compréhensif si, par exemple, au bout de huit parties de départage, ou même au bout de six parties, soit 1h30 et une journée globale de 7 ou 8 heures, les joueurs ne s’étaient toujours pas départagés. Je pourrais accepter que dans ce cas, on mette en avant le côté : « on est de force égale aujourd’hui », pourquoi pas ? Mais là, c’était tôt et je ne comprends pas que la FIDE ait accepté ça. Et je ne comprends d’ailleurs pas non plus que Magnus, qui aime tant le sport, ait même proposé ce deal. Pour Ian, évidemment, c’est un peu différent. Il se retrouve un peu le couteau sous la gorge d’une certaine manière. S’il refuse et qu’il perd, il a l’air vraiment idiot. Je ne veux pas non plus blâmer inutilement Magnus, parce que parfois, dans le feu de l’action, on perd un peu en lucidité…

Co-champions par accord mutuel… (Photo : Fide)

Mais ça laisse un goût amer d’un point de vue de spectateur, dans le sens où vraiment, ça aurait pu être une fin de match assez légendaire, assez épique. Je pense à la finale de la dernière Coupe du monde de football France-Argentine, qui se décide aux tirs au but, et qui est entrée dans la légende après que la France ait été menée 0-2 (comme Ian !) et qu’elle ait égalisé en toute fin de match.

PROJETONS-NOUS SUR 2025

Grande nouveauté de 2025, il y a deux nouveaux circuits ! Avant cela, il y a évidemment le retour du cycle de qualification pour les Candidats, comme chaque année impaire. On est un peu en manque d’infos sur les dates, les lieux, même si j’espère que ça va vite se décanter. Je suis une nouvelle fois qualifié pour le circuit du Grand Chess Tour, qui débutera fin avril, grâce à ma troisième place l’année dernière. On a également le Champions Chess Tour, qui revient encore une fois, mais sous une forme un peu différente, avec seulement deux tournois qualificatifs en ligne, et une finale à 16 joueurs qui se disputera dans le cadre de la Coupe du monde Esport (EWC) à Riyad (Arabie Saoudite), du 31 juillet au 3 août. Et évidemment, le tout nouveau circuit de FreeStyle Chess, qui comprend 26 joueurs, et son cycle de cinq tournois. Avec le premier tournoi en février en Allemagne, et la deuxième étape à Paris en avril. Après la phase finale du Speed Chess en septembre dernier, ça fait plaisir de constater le retour des échecs au plus haut niveau en France.

Donc, c’est vrai que ça donne une année hyper chargée, mais si je trouve ma forme et que je reviens bien, je crois que j’ai absolument toutes mes chances de pouvoir être à la lutte avec les meilleurs !

Les parties de Maxime à Londres :

Les parties de Maxime à la finale du Champion Chess Tour :

Les parties de Maxime au Championnat du Monde Rapide :

Les parties de Maxime au Championnat du Monde de Blitz :

En marge du tournoi de blitz de Londres mentionné plus haut, et dans lequel Maxime a pris la 2e place derrière Firoujza, l’organisateur en chef des échecs britanniques, Malcolm Pein, avait prévu un tournoi à l’aveugle réunissant 10 joueurs, dont les meilleurs anglais, notamment Adams, Vitiugov, Mc Shane et Jones, ainsi que Mamedyarov et Vidit. Le jeu à l’aveugle est un point fort de Maxime, qui se considérait comme un favori du tournoi. Et à juste titre, puisqu’il s’est imposé assez facilement dans une cadence qui lui convenait très bien, à savoir 10+5. La compétition se déroulait sur ordinateur, devant un échiquier vide.

Entraînement à l’aveugle dans la chambre d’hôtel (Photo : London Chess Classic)
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