Je vais participer au tournoi des Candidats à Ekaterinbourg suite au forfait de Teimour Radjabov ! Voici un bref article car je me retrouve tout d’un coup en zeitnot 🙂 .
Tout a commencé mercredi, alors que je revenais de quelques jours de vacances à New York. La FIDE m’a contacté pour me dire qu’il y avait une possibilité qu’un des qualifiés ne participe pas au tournoi des Candidats, sans me préciser qui, ni pourquoi. Selon le règlement, j’étais le premier remplaçant. Vendredi matin, après l’annonce du forfait de Teimour, j’ai donc été officiellement invité à participer.
Bien sûr, ca a été une grosse surprise pour moi, même si j’avais lu les déclarations de Teimour après sa victoire en Coupe du Monde, questionnant sa participation aux Candidats. Je savais aussi que l’épidémie de coronavirus pouvait perturber les choses à tout moment. Mais quand même, je ne m’attendais plus du tout à ce que quelqu’un se désiste, surtout si près de l’événement.
Evidemment, je suis ravi d’avoir cette opportunité, même si ce n’est pas comme ça que je voulais me qualifier à la base.
J’arriverai à Ekaterinbourg le 12 mars. Ma priorité d’ici le début du tournoi, c’est que tout soit mis en place sur le plan logistique le plus rapidement possible, et que je puisse me consacrer à la préparation.
Certes je suis prévenu très tard, mais je suis qualifié et c’est ce que j’attendais depuis longtemps, donc je ne vais certainement pas faire la fine bouche.
Mon objectif, c’est le 17 mars, jour de la première ronde – face à Caruana… A moi de me focaliser sur le jeu pour être prêt ce jour-là.
C’est en effet la 9e fois que je participais au grand Open de début d’année dans l’Hôtel Caleta de Gibraltar, un tournoi que j’apprécie particulièrement. Après la tension des derniers mois de 2019 avec le Grand Chess Tour et les tournois qualificatifs pour les Candidats, il était agréable pour moi de disputer un Open, avec la plupart du temps des adversaires contre lesquels je n’avais jamais joué auparavant.
Ronde
1 : MVL – SUKANDAR (2402) 1-0
Cette rencontre contre une MI indonésienne a constitué une bonne partie de chauffe pour entrer dans le tournoi. Il y avait beaucoup de lignes à calculer, après 14…Db6 déjà, un coup qui m’a forcé à sacrifier un pion. De manière générale, il y a eu pas mal de choses assez concrètes à évaluer, dont quelques lignes sympa 🙂 . Par exemple, après 22.b4 :
Mon
adversaire a joué 22…Da7,
mais en cas de 22…Dxc4, j’avais prévu 23.Cb6 Dxb4 24.Cxa8 Txa8
25.f6! exf6 26.exf6 Ce8 (26…Te8 27.Dc3) 27.Cxc6 bxc6 28.Txa6!.
Ronde
2 : FLOM (2510) – MVL 1/2
Le
MI français m’a joué une ligne de la variante d’Echange de la
Grünfeld que je connaissais, bien sûr.
Dans
cette position, je savais que 20…Fxe5 menait à la nulle. Du coup,
j’ai voulu jouer autre chose, mais bon, qui n’apporte pas grand-chose
; je me souvenais que 20…Fd7
n’était sans doute pas terrible, mais jouable pour éviter la nulle
immédiate. Mais ensuite, je me suis senti pousser des ailes. En
effet, après 21.Thg1
Fb5 22.Tc3 Rh8 23.f4 Td524.Rc2Fxd3+
25.Txd3 Tc8+ 26.Rd2 Tcd8 27.Txd5 Txd5+,je
ne m’attendais pas à 28.Rc2,
mais à 28.Re2 ; je me suis rendu compte que si je le laissais
jouer 29.Td1, c’était nulle tout de suite. J’ai donc calculé
28…f6?
pour continuer la partie, par exemple après 29.exf6 Fxf6 30.Tg6 Tf5.
Mais il a joué 29.Tg6!,
et je me suis rendu compte à ce moment-là qu’il n’y a pas 29…fxe5
30.fxe5
Txe5? à cause de 31.Fd4 car le Roi est en c2, et pas en e2 ! Du
coup, j’ai été obligé de donner deux pions et de prier pour que ça
fasse nulle… Bon, il me semblait que ça faisait nulle quand même
après 30…Fxe5
31.Txh6+ Rg8 32.Txe6 Fd4,
mais c’était un peu sport, on ne va pas se mentir.
En effet, la position finale, c’est la fameuse nulle de Vancura en finale de Tours, connue depuis un siècle. Donc s’il y avait une réfutation, elle aurait déjà été trouvée 🙂 .
En
fait, j’ai obtenu la position de Vancura, mais avec le pion h5 en
plus, qui ne joue cependant aucun rôle. J’ai eu une petite frayeur
car j’ai mis un peu de temps à retrouver le chemin exact vers la
nulle, mais j’y suis finalement parvenu avant que mon adversaire ne
teste mes connaissances ! Après 51…Tf6 52.Rc5 Tf5+! (mais pas
52…Th6? 53.Rb5 Txh5+ 54.Rb6 Th6+ 55.Rb7 et le fait qu’il n’y ait
pas d’échec sur la 7e coûte la partie) 53.Rc6 Tf6+ 54.Rd7, j’ai vu
le schéma où 54…Tb6 annulait (dans cette position précise,
54…Tf7+ est encore plus simple). 55.Rc7 Tf6 (seul coup) 56.h6+ Rh7
(seul coup) 57.a7 Tf7+ (seul coup !) et dès que le Roi blanc veut
sortir des échecs latéraux, il doit laisser la Tour noire passer
sur la colonne a, avec une nulle triviale.
Ronde
3 : MVL – BARON (2529) 1-0
La
troisième ronde a été marquée par une coupure d’électricité
dans tout le quartier ! Par chance, l’hôtel Caleta avait pas mal de
petites lampes de bureau fonctionnant sans électricité, qui
devaient être utilisées pour la cérémonie de clôture. Certains
joueurs courageux avaient choisi de continuer la partie dans cette
espèce d’ambiance tamisée…
D’autres,
dont mon adversaire Tal Baron, continuaient à réfléchir dans la
pénombre, pendule arrêtée ; ce qui s’est avéré contre-productif
dans son cas, puisqu’il a fait une erreur de calcul fatale dès la
reprise !
Ronde
4 : VAIBHAV (2593) – MVL 1/2
Ronde
5 : MVL – SANAL (2569) 1/2
Après une nulle quasi-théorique contre Vaibhav, j’avais les blancs contre le GMI turc Sanal ; la seule de mes 6 parties blanches que je n’ai pas remportée 🙂 .
Elle
avait d’ailleurs mal débuté à cause d’une erreur de calcul…
Ici,
j’avais anticipé 13.d4, mais finalement, la position après
13…Dc7! 14.dxe5 dxe5 15.Cxe5 0-0! 16.0-0 (16.Ff4 Td8) 16…Dxe5
(16…Td8 17.De1) 17.Ff4 Dh5 18.Fxb8 Fg4 ne m’a pas plu.
Du
coup, j’ai joué 13.h3
0-0 14.c4,
avec l’idée d’encercler le pion b3. Mais ce plan est lent et je
pense qu’il a pas très bien réagi car il m’a laissé reprendre
l’avantage. Sauf que j’ai moi-même mal géré la position en retour,
et j’ai même dû faire attention dans la finale pour annuler.
Bilan,
une première moitié de tournoi assez inégale, avec quelques
parties où j’ai plutôt bien calculé, et quelques parties assez
moches, je pense notamment à celles contre Flom et Sanal.
Ronde
6 : MVL – PERALTA (2574) 1-0
Une
partie plutôt bien maîtrisée dans l’ensemble, notamment parce que
j’ai réfuté sa conception dans l’ouverture :
Je
ne connaissais pas 10…Ca5
immédiatement, et j’ai trouvé sur l’échiquier le coup très
intéressant 11.h4!?,
alors que 12 autres coups ont déjà été essayés dans cette
position !
Je ne sais pas si c’est si fort, mais en tout cas, il est tombé directement dans mon piège, car après 11…h5?! 12.Ce3 Cxe3 13.fxe3, j’ai déjà un bon avantage. On passera sur l’épisode final de cette partie, déjà bien documenté sur les sites spécialisés 🙂 . Dans une position complètement gagnante, j’ai joué un coup qui le laisse revenir dans la partie, mais il a eu la même hallucination que moi, croyant qu’il se faisait mater, et il a abandonné !
Ronde
7 : KARTHIKEYAN (2606) – MVL 1/2
Karthikeyan
est un jeune indien qui m’avait battu lors de la dernière ronde
l’année dernière, malgré une Najdorf qui avait plutôt bien tourné
pour moi au début. Cette fois, il a bien joué l’ouverture et a
réussi à obtenir l’avantage, mais par chance, il a sous-estimé sa
position à deux reprises, et m’a permis de stabiliser le jeu.
Ronde
8 : BASSO (2600) – MVL 1/2
Ronde
9 : MVL – CAN (2600) 1-0
Après
une nouvelle nulle avec les noirs dans une Grünfeld très théorique
contre le GMI Italien Basso – sans que jamais je ne puisse jouer pour
le gain – j’ai affronté le Turc Can à l’avant-dernière ronde :
Je
crois qu’il m’a facilité la tâche en forçant rapidement le passage
dans un milieu de jeu sans les Dames :
Can
s’est certainement dit que la position n’était pas si dangereuse,
mais en fait, elle me semble vraiment inférieure parce qu’en plus
du pion isolé, le Fb7 est mal placé et le pion a6 est faible
également. Ici, il aurait quand même dû essayer d’être actif par
17…Te4 18.Fg3 Tde8 19.Rf1 Fc6, plutôt que de laisser 17…Cf8?!
18.a5!,
et la position devient une longue torture pour les noirs après
18…Ce6
19.axb6 Fxb6 20.Fd2 Cd4 21.Cxd4 Fxd4 22.Fd3!.
Peut-être que j’avais une solution plus concrète après 22…Te6
23.Ta4 Ff6 24.Tb4 Fc8.
Au lieu de 25.Ta1,
25.Txe6 fxe6 26.Tb8 (idée 27.Ta8) gagnait sans doute le pion a6.
Mais bon, est-ce que tu as envie de prendre des décisions concrètes
dans cette position-là? Pas du tout en fait ! Parce que même si je
prends a6, les noirs auront peut-être du contre-jeu par …Tc8 et
…e5. Il y a beaucoup de détails à vérifier, et la position ne
nécessite pas une telle approche sur le plan pratique, à mon avis.
Ronde
10 : MVL – MAGHSOODLOO (2674) 1-0
Une
victoire lors de cette dernière ronde me laissait une petite chance
de finir dans le groupe de tête, et j’ai eu l’agréable surprise
de doubler les blancs contre l’ancien champion du monde junior. J’ai
joué 1.d4, qui me semblait un choix pertinent contre cet adversaire
spécifique.
J’ai
obtenu une finale avec un pion de plus, mais certainement nulle. Le
plus simple pour lui, je crois que c’était ici 30…Txc5! (au lieu
de 30…Td8)
31.dxc5 Ce4+ (31…Cc4 est peut-être nulle aussi, mais les
éventuelles finales de pions à prévoir de très loin après 32.Tc3
Tc8 33.c6 bxc6 34.Fxc4 dxc4 35.Txc4 Rd5 peuvent faire peur) 32.Fxe4
dxe4 et les noirs vont s’en sortir sans difficulté. Dans la partie,
après 30…Td8
31.Tac3 Td7 32.a4,
il n’avait certainement pas besoin de me donner la case c6 par
32…b6?
33.Tc6 Tdd8 34.Re2 Td7 35.Tc1 Th8 36.a5!
et la position noire ne tient plus qu’à un fil. Je n’ai peut-être
pas joué de manière optimale par la suite, mais il est toujours
difficile de ne laisser aucun contre-jeu.
Le bilan de ce tournoi est contrasté ; 5.5/6 avec les blancs c’est très correct, mais le fait d’annuler toutes mes parties noires contre des joueurs moins forts sur le papier ne peut pas me satisfaire. Certes, je termine dans le groupe de tête à 7.5/10 (avec 6 autres joueurs). Mais comme un symbole de cette année, je suis 5e au départage (perf Elo), un tout petit point derrière le 4e et dernier qualifié pour les départages décernant le premier prix de 30.000 £ 🙂 .
Je n’ai aucun tournoi prévu avant avril ou mai, c’est donc une bonne période pour faire le point et trouver des pistes d’amélioration !
Nul besoin de la Fédération pour réunir une des plus fortes équipes française de tous les temps. Maxime, avec Etienne Bacrot (2669 Elo), Maxime Lagarde (2655), Romain Edouard (2653), Christian Bauer (2625), Yannick Gozzoli (2599), Matthieu Cornette (2556), Fabien Libiszewski (2526) et Kévin Bordi (2288) participe à la prochessleague 2020. Après 6 matches, les Français sont 2e de la division centrale.
Je suis arrivé à Londres le 1er décembre, dans un environnement familier et dans une ville que j’aime bien, pour disputer une finale du Grand Chess Tour au format identique à l’année précédente.
J’ai appris ma qualification en dernière minute, puisqu’elle dépendait des résultats des autres joueurs, et notamment de Anand. Ce n’était pas le plus probable, mais je me suis qualifié à sa place. Ce qui a évidemment surchargé mon calendrier de décembre, à un moment où la qualif pour les Candidats allait se jouer. Mais j’étais plutôt content quand même d’être qualifié. Le challenge était intéressant évidemment ; d’abord jouer contre Magnus bien sûr, et puis le deuxième match également, contre Aronian ou Ding Liren. Donc j’étais motivé, dans format qui me convient bien en général. Le match contre Magnus a été très, très tendu. Dans la première partie par exemple, c’était vraiment d’une complexité extrême et tout aurait pu arriver. Finalement, ça s’est conclu par un perpétuel après que l’on ait raté pas mal de trucs. Après plusieurs nulles, c’est moi qui ai gagné le premier en blitz, à partir de rien du tout d’ailleurs. Cependant, il a répliqué tout de suite, là où au contraire j’avais une très bonne position, mais pris de mauvaises décisions. De manière générale, le niveau de notre match était quand même assez élevé. Peut-être que le moment-clé c’est quand j’ai défendu le dernier blitz avec peu de temps et une finale quand même désagréable.
Après évidemment, il y a eu la première partie du tie-break avec les Noirs, qui était complètement folle ; l’avantage a changé de camp tout le temps, c’était vraiment hyper tactique, mais j’ai fini par l’emporter. Après, il ne restait plus qu’à faire nulle dans la deuxième partie ; ce que j’ai fait 🙂 . Evidemment, j’étais très content de remporter un match en 10 parties contre le champion du monde, surtout avec un mix de cadences. Psychologiquement, c’était un boost, car qui d’autre peut se prévaloir d’un tel résultat ? Malheureusement, il fallait enchaîner avec la finale, et Ding Liren m’a fait redescendre de mon nuage illico en me mettant sous énorme pression dans la première partie longue. Après, il n’a pas été suffisamment précis dans une finale qui était complètement foutue pour moi. Bon, je me suis accroché comme je l’ai pu, et il a paniqué à plusieurs moments. J’ai finalement tenu la nulle dans une position de dingue à quatre Dames !
Rebelote dans la deuxième partie, où je me suis retrouvé en difficulté dès le début dans une Anglaise. J’ai mal jugé la position et avec l’avantage, il a été clinique. C’est dans l’ensemble une partie où il n’y a pas eu grand-chose à faire. Je n’ai pas été suffisamment alerte, et lui a été impeccable…. Bon ensuite dans les rapides, j’ai essayé de revenir mais ça a vite mal tourné ! J’ai quand même sauvé l’honneur en remportant largement le match de blitz.
Le bilan du Grand Chess Tour n’est quand même pas si mauvais, je termine second pour la troisième année consécutive.
Ensuite, la bascule vers le Grand Prix FIDE a été compliquée, car je n’ai pas pu arriver à Jérusalem avant le mardi en fin d’après-midi – au terme d’un long voyage – et le tournoi commençait dès le lendemain. La bonne nouvelle quand même, c’est que le tirage était plutôt bon. Malheureusement, j’ai pu voir tout de suite que je n’étais pas à un très bon niveau de jeu. Dès la première partie contre Topalov, j’ai été en grand danger ; j’ai réussi à m’accrocher et je m’en suis sorti un peu par miracle, mais j’ai frisé la correctionnelle. Du coup j’ai décidé de ne pas prendre de risques inconsidérés dans les parties longues. D’autant que j’ai vite compris que les points bonus ne serviraient strictement à rien, ce qui a effectivement été le cas. L’important, c’était la qualif tour après tour…
Donc je me suis concentré sur les rapides. D’abord contre Topalov, et ensuite contre Andreikin, après que mon ouverture dans la première partie ait tourné court (nulle), suite à une erreur de mémoire ! En revanche, dans les rapides, ça s’est bien passé ; contre Andreikin, la première partie était ultra chaude. Mais au final, j’ai vu plus de choses que lui, c’est donc normal que j’aie gagné 🙂 .
Ensuite, il y a eu le match décisif contre Nepo, et là, je dois admettre que je n’ai pas pris les bonnes décisions, c’est sûr. D’abord, j’ai été surpris par le rare 8.Fe3.
Du coup, j’ai perdu beaucoup de temps à regarder 8…Cg4 9.Fg5!?, qui pouvait être son idée. Sur 9.e5, qu’il a joué, j’avais plusieurs possibilités, pas seulement celle de prendre en e3. Mais je me suis dit : » On va aller au plus simple » ; malheureusement, le plus simple en question n’était pas le meilleur… Il a donc pris un bon avantage, mais il m’a laissé ensuite du contre-jeu. Le moment critique, c’est évidemment après 19.Da3…
Bien sûr, j’ai vu le naturel 19…c5 20.dxc5 Dc8, que je me souviens avoir rejeté à cause de 21.exf6 Fxf6 22.Fc4! Fxh4+ 23.Txh4 Cxh4 24.Td6!. Je n’ai pas du tout analysé la partie depuis, mais sur l’échiquier, ça avait l’air très dangereux pour moi en tout cas. Ce qui s’est passé dans la partie après mon choix 19…fxe5 20.dxe5 De8 (avec l’idée de contre-jeu …Dc6-b6), c’est que je n’ai réalisé qu’après 21.Fg2 que la suite prévue 21…Fxe5 22.fxe5 Cxh4+ 23.Rg1 Cxg2 était réfutée par l’horrible coup intermédiaire 24.Ce4!, et les blancs sont gagnants.
Le dos au mur, j’ai réussi à placer une bonne idée dans la deuxième partie. Et j’ai obtenu une très bonne position ; malheureusement gâchée par des mauvaises décisions… D’abord, 15.Cf4 était moins précis que 15.Fd2!.
Mais surtout, 19.b4? s’est avéré être vraiment catastrophique, au lieu du normal 19.Cfe2 qui maintenait l’avantage. En fait j’ai complètement oublié en jouant 19.b4 – trop vite ! – que la Dame noire revenait en c4 via a6.
Et enfin, il y a la dernière grosse erreur 25.Cg3?, à la place de 25.Cd3. En fait, sur 25…f5, je voulais 26.e5 f4 27.Fxf4 gxf4 28.Ch5, mais je me suis vite rendu compte que les noirs gagnaient après 28…Fxe5! 29.dxe5 0-0-0!. Du coup, je suis moins bien après 26.exf5, et j’ai rapidement proposé nulle. De toute façon il n’y avait vraiment rien à faire, si ce n’est la perdre ! Et j’ai suffisamment perdu de parties bêtement en situation de must win, à commencer par Jakovenko il y a deux ans dans des circonstances identiques…
Eliminé, j’ai pris un avion tôt le lendemain matin, et je me suis retrouvé à devoir patienter à la maison dans l’attente du match Nepo-Wei Yi. Je n’avais plus mon destin entre les mains, mais une victoire du Chinois m’envoyait quand même directement aux Candidats ! Malheureusement, la pièce est une nouvelle fois tombée du mauvais côté, mais j’ai quand même pris la décision de ne pas renoncer aux championnats du Monde Rapide & Blitz à Moscou. Je savais que j’étais complètement cuit physiquement, mais en termes d’effort c’était moins compliqué quand même, et toujours assez fun. Je sais aussi que j’ai une bonne capacité à rebondir, alors j’y suis allé un peu la fleur au fusil 🙂 . On ne va pas se mentir, j’ai fait un peu n’importe quoi… J’ai eu trois journées catastrophiques, les première et troisième rapide, et le premier blitz. Soit seulement deux journées correctes. Au final, terminer 14e au Rapide et 4-5e au Blitz dans ces conditions, il n’y a pas de quoi se pavaner, mais vu mon état de forme, je prends ! Et vu le niveau des parties, je suis encore plus obligé de prendre 🙂 .
Maintenant, regardons vers 2020, qui va être une saison beaucoup plus light. Ce sera l’occasion pour moi de réaliser une meilleure préparation foncière, sur le plan technique comme sur le plan physique. Au niveau des événements, je jouerai à Gibraltar à la fin du mois, au Norway Chess début juin, et je participerai au Grand Chess Tour 2020 pour lequel je suis qualifié. Ce sont les seules certitudes pour l’instant !
Si vous voulez en savoir plus sur tout ce qui concerne le cycle de championnat du monde, la qualif aux Candidats, la lettre ouverte de Laurent Vérat sur la wild-card, la polémique qui a suivi, mais aussi les rapports entre joueurs français de l’élite, la possible naturalisation française de Firouzja, et bien d’autres sujets encore, allez lire sans tarder la longue interview donnée par Maxime il y a quelques jours au site www.chess.com.
Les parties de Maxime à Londres :
Les parties de Maxime à Jérusalem :
Les parties de Maxime au championnat du monde de parties rapides :
Les parties de Maxime au championnat du monde de blitz :
Il
reste deux places à distribuer « sportivement » pour le
Tournoi des Candidats, via le Grand-Prix FIDE 2019. Celui-ci arrive à
son terme, avec le tournoi de Hambourg qui vient de se terminer, et
l’ultime étape, programmée à partir du 11 décembre au cœur du
quartier historique de Jérusalem.
A Hambourg, il s’agissait donc de se placer avant le sprint… Pour l’occasion, la grande ville portuaire du nord de l’Allemagne avait mis un théâtre à disposition de l’événement. Certains se sont émus du niveau de l’organisation. Pour ma part, je n’ai guère de plaintes à formuler par rapport à la salle de jeu. Juste un bémol pour l’accès un peu pénible au niveau des toilettes ; il y avait un grand escalier à monter, guère pratique pendant une partie. Mais il est vrai que c’était lié à la configuration des lieux, au cœur d’un vieux théâtre. Pour le reste, je n’ai pas eu de problème de bruit à gérer, j’ai trouvé la salle silencieuse, assez spacieuse, même quand on était 16. Peut-être un peu sombre aussi, mais bon… Ce n’était pas le grand luxe, mais il n’y avait vraiment pas de quoi se plaindre, contrairement à ce qu’on a connu à Zagreb cet été ! (Ndlr, étape du Grand Chess Tour ).
1/8
de Finale :
MVL
– WEI YI (2724) 1,5-0,5
Dans
la première partie, j’ai pu placer une prépa contre la Najdorf, qui
avait été imaginée par Matthieu Cornette pendant le Top 12 en mai.
Il m’avait envoyé un fichier par mail pendant le Norway Chess en
juin. J’ai aimé l’idée de jouer 6.g3
sans mettre le Fou en g2, et j’ai décidé de la jouer à la
prochaine opportunité ! Du coup, ça a bien fonctionné et j’ai pris
l’avantage dans l’ouverture.
Plus
tard, je n’étais pas certain de mon coup 21.Cd5.
Bien sûr, après 21…Cxd5 22.exd5 Tc7 (si 22…Tc5 23.Cxb6 Td8 24.Fc4! suivi de b4-a5 est très favorable aux blancs) 23.Cxe5 (maintenant 23.Cxb6 serait moins bon à cause de 23…Tb8 24.a5 Fc8! idée …Fg4 et il a du contre jeu) 23…dxe5 24.d6 Td7 25.dxe7 Txe7 26.Td6, j’ai obtenu une finale très supérieure, mais pas sûr qu’elle soit objectivement gagnante. Avant la finale de Fous pure, je ne sais pas trop ce que j’aurais pu faire de mieux ? J’avais envisagé 35.Txe5 (au lieu de 35.Ff1) 35…Tc1+ 36.Ff1, mais il a 36…Rf6!, et après 37.Te3 Fd5 38.Ta3 (et pas 38.Td3? comme j’avais initialement prévu, à cause de 38…Fc4 39.a7? Txf1+!) 38…Fc4 39.a7 Fxf1 (39…Txf1+? perdait très joliment sur 40.Rg2 Td1 41.a8=D Fd5+ 42.Tf3+! contre-échec 🙂 ) 40.f3 Fc4+ 41.Rf2 Fd5 et nulle.
Dans
la transition vers la finale de Fous, il a craqué avec 42…Rd4?
43.Txc5 Rxc5 44.Re3
+-, alors que 42…Txb5 43.Fxb5 f4! devait garantir la nulle. Pendant
la partie, je comptais sur 44.g4!?. Malheureusement, ça n’aurait
sans doute pas suffi; après par exemple 44…Rd4 45.Fd7 Rc5 46.Fc8
Rb6 47.Rc3 Rc7 48.Fb7 Fxb7 49.axb7 Rxb7 50.Rd4 Rc6 (mais pas 50…e3?
51.fxe3 f3 52.Rd3 Rc6 53.Rd2! Rd5 54.Re1 Re5 55.Rf2 Re4 56.h3!
zugzwang, tandis que 53.e4? aurait manqué la cible : 53…Rd6 54.Re3
Re5 55.Rxf3 Rd4 56.h3 Rc5! – seul coup – 57.Re3 Rc4 =) 51.Rxe4 Rc5
52.Rf5 Rd4 53.Rg6 Rd3! (surtout pas l’autre trajet 53…Re4? 54.Rxh6
Rf3 55.Rxg5) 54.Rxh6 Re2 55.Rxg5 f3 56.h4 Rxf2 57.h5 Rg3 58.h6 f2
59.h7 f1=D 60.h8=D Df4+ =.
Malgré
tout, je dirais que c’était quand même une partie plutôt maîtrisée
dans l’ensemble (1-0, 51 cps).
Nouvelle
Najdorf, mais couleurs inversées, pour le match retour. Sur la
variante 6.Cb3,
c’est Peter Svidler qui m’avait expliqué après mon match contre lui
en Coupe du Monde, que le plus simple était 6…e6.
J’ai été obéissant et j’ai effectivement obtenu une bonne
position assez rapidement, avant de prendre carrément le dessus.
Je sais qu’il y a des gens qui ne comprennent pas pourquoi j’ai souvent accepté la nulle dans des positions supérieures lors de ces mini-matches à élimination. D’abord parce que la course au Elo dans la perspective des Candidats est terminée pour moi depuis un moment 🙂 . Ensuite parce que dans le contexte, assurer le point de bonus reste le plus important. Et enfin, je n’ai aucune raison de me taper deux heures de partie en plus, car l’énergie économisée pour le tour suivant est un facteur qui rentre aussi en ligne de compte. (1/2, 27 cps).
¼
de Finale :
MVL
– TOPALOV (2740) 1,5 – 0,5
Dans
la première parie, j’ai joué une sorte de Benoni différée avec
les noirs. J’ai longtemps retardé la prise en d5, et j’ai un peu
regretté de l’avoir fait au 14e coup.
Si
j’avais commencé par 14…a6, j’aurais permis 15.Cf1 exd5 16.exd5
avec un changement de structure, même si 16…Ta7 maintenant aurait
quand même été confortable pour moi. Du coup, j’ai préféré
14…exd5
15.cxd5
(15.exd5 Ff5! serait maintenant inférieur) 15…a6
16.Ff1 Cd7
(maintenant que la case c4 est libérée, sur 16…Ta7, les blancs
auraient 17.Cc4 Tae7 18.Fg5! h6 19.Fh4 g5 20.Fg3 et si 20…Cxe4
21.Cxe4 Txe4 22.Txe4 Txe4 23.Cxd6 avec net avantage) 17.Ca2
(j’attendais plutôt 17.f4, mais en bon joueur de Benoni lui-même,
Topalov a senti que c’était dangereux après 17…Fd4+ 18.Rh2 Cf6
19.Cf3 Fg4! 20.hxg4 Cxg4+ 21.Rg3 Ff2+ 22.Rh3 Dd7, comme après 18.Rh1
Cf6 – voire 18…f5!?) 17…Ta7
18.Cc4 Ce5
avec une position équilibrée.
Le
moment critique par la suite, c’est quand il a décidé de donner une
qualité par 28.Te3!?.
Un
sacrifice intéressant en pratique, d’autant que 28.Td3 f5 n’était
pas spécialement attirant pour lui. Après 28…Ff4
29.Ff3 Fxe3 30.Fxe3 Tc8 31.Dd4,
j’ai vu que la variante 31…De5 32.Dxb4 Tc3 33.Ff4 Txb3! 34.Dxb3
Dxf4 forçait plus ou moins la nulle, avec l’autre ordre de coups a
priori identique 31…Tc3 32.Dxb4 De5. Sauf qu’en commençant par
31…De5?!,
je lui ai laissé l’option 32.Da7!,
et la position devient un peu hors de contrôle ; 32…Fe8
33.g3 Tc3,
et là, il aurait dû jouer 34.Ff4!, même si c’est contre-intuitif
de ne pas mettre le Fou sur la grande diagonale. Après 34…Df6
35.Db8, il aurait fallu que je trouve 35…Txf3 36.Dxe8+ Rg7 37.e5
Df5 38.exd6 (38.e6 fxe6 39.dxe6 g5 40.Fe3 Txe3!) 38…Dxd5! 39.d7
Dd1+ 40.Rg2 Txf4! – seul coup – 41.gxf4 Dd5+ 42.Rg3 Dd3+ 43.f3 Dd1!
avec perpétuel.
Dans
les complications, il a gaffé avec 36.Ff1?
Txb3
et les blancs n’arrivent plus à générer de contre-jeu. (0-1, 44
cps).
J’avais
vu que 36.Rg2? ne marchait pas non plus, à cause de 36…Dxe2 37.De7
Df3+! 38.Rh2 Tc8. En revanche, le coup paradoxal 36.Rh2! sauvait les
blancs : après 36…Tc7 (surtout pas 36…Dxe2? maintenant, à cause
de 37.De7 Tc8 38.Df6 Rf8 39.Dxd6+ Rg8 40.Df6 Rf8 41.d6 +-) 37.Dxc7
Dxd4 38.Rg2 Dxe4+ 39.Ff3 De5 40.Da5! =.
J’ai plutôt bien maîtrisé le match retour avec les blancs, en jouant la variante d’échange contre la Française, récemment utilisée quelques fois par Etienne Bacrot, mon secondant.
J’ai
bien tout verrouillé, mais le truc important dans ces cas-là, c’est
quand même de jouer avec un plan, aussi basique soit-il, et de ne
pas attendre bêtement. ; en l’occurrence a4 puis b4-b5.
Dans
la position finale, je ne me suis pas rendu compte que 27.Ta1! était
si fort. Mais encore une fois, si je gagne ça ne change vraiment
rien… (1/2, 26 cps).
1/2
Finale :
MVL
– GRISCHUK (2771) 0,5-1,5
Avec
les blancs, j’ai été surpris de son choix de l’Espagnole
Arkhangelsk. Du coup, j’ai hésité entre 13.Fc2 et la tonne de
théorie qui en découle, et 13.Fe3,
qui est moins risqué. J’ai choisi ce dernier coup, et obtenu un très
léger plus, mais j’ai commencé à faire des petites fautes de
calcul.
Notamment
quand j’ai joué ici 23.Fa4?!
et que je me suis instantanément aperçu que je laissais 23…Cd5!.
Ce que Sacha et moi avons tous les deux raté, c’est qu’après
24.Cc6, les noirs n’ont pas que 24…Dh4 25.g3, mais aussi 24…Df6!
25.Dxd5 Dxf4, et la position tourne en leur faveur. Du coup, pendant
que Sacha réfléchissait, je m’étais décidé, en cas de 23…Cd5,
pour 24.Df3 avec léger avantage noir.
Peut-être
que si je m’étais un peu plus concentré sur la position, j’aurais
plutôt choisi 23.Fa2 avec l’idée Dd2-Tad1, et un micro-plus pour
les blancs.
La
suite de la partie a vu un aplanissement rapide (1/2, 27 cps).
Dans
la deuxième partie, sur ma ligne habituelle de l’Anglaise avec les
noirs (1.Cf3
Cf6 2.c4 c5 3.Cc3 d5 4.cxd5 Cxd5 5.e3),
j’avais décidé avant le début du tournoi que je ne rejouerais pas
5…Cxc3, mais 5…e6.
Pendant
la partie, j’ai choisi d’éviter 12…Fb7 13.d5 exd5 14.Fxd5 Tad8
15.c4, même s’il semblerait que ce soit ok pour les noirs. J’ai
préféré 12…Td8,
avec l’idée que sur 13.d5, maintenant je jouais 13…Ca5 14.Fd3 c4
15.Fc2 e5!?.
Après
13.Fe3
Ca5 14.Fd3 Fb7 15.h4!,
je me suis rendu compte à quel point ce genre de position était
désagréable. Du coup, j’ai joué 15…b5!?.
Et après 16.Fxb5
Fxe4,
j’étais à fond sur 17.Cg5. Il ne l’a pas joué à cause de
17…cxd4 18.cxd4 a6, mais moi j’étais plutôt parti sur 17…Ff5!?
18.g4 Fg6 19.h5 Fxg5 20.Fxg5 Td5 qui me semblait hyper nébuleux. Du
coup, quand il a joué 17.dxc5,
il m’a pris par surprise et j’ai mal réagi avec ce 17…Fxf3?
intempestif, que j’analyse comme étant juste un bug dans la
compréhension de la position. J’ai bien pensé au coup de la machine
17…Fd5, mais je n’y ai pas cru… En revanche, j’ai rejeté le
naturel 17…Fxc5 à cause de 18.Txd8+ Txd8 19.Fg5 Tb8 20.Dxe4 Txb5
21.Td1 et avec les pièces aussi mal placées, la position m’avait
l’air suspecte.
Après
18.Dxf3
Fxc5,
nous avons tous les deux raté la réfutation 19.Fg5 Fe7 20.Td7!, qui
était dure, mais pas impossible à trouver : 20…Txd7 21.Fxd7 Tb8
22.Fxe7 Dxd7 23.Dg3 Cc6 24.Ff6 g6 25.Df4 avec gros danger sur les
cases noires.
Malgré
tout, après 19.Ff4
Db7 20.De2,
les blancs restent mieux. Mais je me disais que, l’ouverture étant
ratée, forcément j’allais avoir un mauvais moment à passer, mais
peut-être pas si catastrophique.
Après,
il semblerait qu’il ait raté un gain de machine avec 26.De4! au lieu
de 26.Dd1?!.
Il ne l’a pas joué à cause de 26…Dc1+ 27.Rh2 Tf8, et si 28.Txa7
Dc5! avec quadruple attaque, mais l’ordi améliore cette variante par
27.Ff1! Dc6 28.Dd3, et prétend que l’avantage blanc est décisif.
Dans
la partie, après 26…h6
27.g3 Tf8 28.Txa7 Cc6 29.Td7 Ce5 30.Td8,
j’ai vu arriver cette finale D+C contre D+F avec le pion a passé, et
je me suis dit que je devrais trouver des ressources. Après, c’est
vraiment dur d’être précis dans cette position, très difficile à
jouer. J’ai choisi la transition vers cette finale par 30…Dc7
31.Txf8+ Rxf8 32.a4 Re7 ;
en fait, je voulais avoir le Roi vers le centre, et pas cornerisé
après 30…Txd8 31.Dxd8+ Rh7. Je pensais que c’était plus important
que de laisser ma Dame active ; mais encore une fois, ce sont
vraiment des décisions extrêmement difficiles à prendre.
Ensuite,
il m’a offert un peu de répit avec 37.Dd7?! ;
j’avais vu que sur 37.Da8!, qui menace d’amener mon Roi en balade, je
n’étais vraiment pas beau !
Après
le 40ème coup, j’ai compris que si je gardais les Dames, je n’allais
pas tenir la position. C’est contre-intuitif, car normalement tu te
dis que justement, la Dame va permettre de générer du contre-jeu et
de laisser le Roi blanc à distance. Mais en réalité, comme mon
Cavalier est hors jeu, c’est en fait le couple Dame-Fou qui fait trop
de dégâts, notamment après m’avoir forcé à affaiblir mes cases
blanches en touchant à mon pion f7 !
Après,
la finale de pièces mineures qui résulte est trop dure à évaluer,
je ne sais toujours pas si elle est gagnante.
Ce qui est sûr, c’est que j’aurais dû jouer 47…Re6! (au lieu du repli défensif 47…Rf6? 48.Rh5 Rg7 qui laisse aux blancs un plan clair pour gagner : attaquer le pion d5 sur la grande diagonale, le forcer à venir en d4, puis revenir avec le Roi en e4 pour l’encercler) 48.Rh5 d4 49.Rxh6 Rd5 et s’il existe, ce qui est bien possible, il faudrait Sesse pour nous démontrer le gain ! C’est trop dur, il y a trop de choses à calculer 🙂 .
De
toute façon, Sacha a très bien joué. Parfois, il faut juste
accepter que l’on n’a pas fait une bonne partie et que l’adversaire a
mieux joué. (1-0, 53 cps).
Au
final, même s’il se termine sur une mauvaise note, le tournoi n’est
pas non plus raté. Je suis pour l’instant à la 2e place
qualificative pour les Candidats, j’ai un peu d’avance sur mes
poursuivants et mon destin entre les mains avant le dernier tournoi à
Jérusalem.
En
revanche, ce qui est plutôt marrant, c’est que par rapport à la
qualif pour les Candidats, ça ne change finalement pas grand-chose
que je sois éliminé au premier tour à Jerusalem, ou que je fasse
demi-finale ! Si Mamedyarov ou Nepo vont loin, j’ai intérêt à
aller loin moi aussi. Sinon, je peux même perdre au premier tour et
passer quand même. La différence de pourcentage de chances de
qualif entre perdre au premier tour et aller en demi finale passe
peut-être de 40 à 80%, alors qu’on a l’impression que ça devrait
être de 20 à 100% ! Enfin, il ne faut pas oublier non plus que tous
les joueurs qui ont entre 1 et 5 points au classement général ont
encore une chance théorique de se qualifier, certes infinitésimale
pour les premiers nommés !
Ce
qui est sûr en tout cas, c’est que clairement, le tirage au sort
va être déterminant…
Je
vais aussi dire un mot sur l’annonce qui a été faite par la
Fédération Russe concernant l’octroi de la fameuse wild card pour
les Candidats…
Sur le principe, que ce privilège soit donné à un Russe, c’est pas un gros souci en soi. Non seulement c’était quand même assez attendu 🙂 , mais en plus, je ne cours pas après ce mode de qualification ; je pense qu’il faudrait définitivement le supprimer…
En
revanche, sur le timing de l’annonce, c’est vraiment du délire.
Comme en 2017, ils n’attendent pas que les tournois soient terminés,
ils n’attendent pas que le cycle soit terminé. Du coup ils génèrent
une situation pas claire. Qu’est ce qui se passe si par exemple
Karjakin ou Jakovenko font 3ème du Grand Prix ?
Ensuite,
pourquoi nous faire jouer un match pour la troisième place de la
Coupe du Monde ? J’ai disputé ce match, je l’ai gagné, et ça ne
sert à rien.
Je
terminerai sur une note positive en félicitant Sacha Grischuk pour
son succès à Hambourg, et pour ce qui ressemble à une
quasi-qualification pour les Candidats !
La ligue Ile-de-France des Echecs et les Beaux-Arts de Paris ont organisé, dans le cadre du festival d’automne et de l’exposition d’Anna Boghiguian « Le carré, la ligne et la règle », plusieurs animations échiquéennes. Notamment le 31 octobre, pour Halloween, a eu lieu une « Rencontre des sortilèges », sous la forme d’un Escape game « Arts, échecs et mathématiques », auquel Maxime a participé, quelques jours avant son départ pour Hambourg.
Disputé dans la Chapelle des Beaux Arts – mise en scène pour l’occasion – cet Escape Game consistait à résoudre des énigmes mathématiques, logiques et artistiques à l’aide du jeu d’Echecs, et ce en temps limité.
Dans la première partie avec les noirs, je savais dans quoi je m’embarquais quand je suis rentré dans cette ligne de la Grünfeld 5.Fg5. Une position un petit peu difficile à défendre où je vais devoir trouver un ou deux coups précis pour égaliser complètement ; ce qui a été le cas après 25…f5! (nulle, 44 coups).
Dans
la deuxième partie, j’ai amélioré la variante de l’Italienne jouée
quelques jours plus tôt contre Jakovenko, avec 15.Ce4
au lieu de 15.De4.
Mais
j’ai vite commis l’erreur 19.Fg5?
qui n’a aucun sens en fait, et que j’ai joué beaucoup trop vite.
Dans mon esprit 19…h6
20.Fh4 ne changeait rien, mais en fait 20…g5 21.Fg3 Rg7 suivi de
…f5-f4 n’allait pas du tout, et j’ai donc dû me résoudre au
triste 20.Fxe7.
C’est
dommage parce que tout était mieux pour les Blancs avec la paire de
Fous, par exemple 19.a4, ou 19.Cd2-c4, voire 19.Ff4 (nulle, 31
coups).
Dans
la première partie rapide, j’ai fait une bonne ouverture avec les
noirs.
A
un moment, en voulant mettre la pression au temps, je me suis un peu
enflammé avec 15…Fc6,
oubliant 16.Ce4!.
J’aurais dû jouer 15…Cc6. Je sais que Magnus, qui commentait en
direct, a plutôt critiqué le coup suivant 16…Fxe4,
mais devant l’échiquier j’ai eu le sentiment que j’avais déjà
gâché. Donc, Magnus et moi arrivons à la même conclusion mais
avec un coup de décalage !
Après,
dans mon esprit, je continuais quand même à jouer pour
l’initiative. D’ailleurs, je suis étonné que ce soit limite moins
bien pour les Noirs, car ça n’a quand même pas une tête à être
défavorable ! Du coup, j’ai été un peu surpris qu’il me propose
nulle, car je voyais arriver une finale complexe où tout le monde
allait avoir sa chance (nulle, 31 coups).
Dans
la deuxième, j’ai obtenu une bonne position mais je me suis vraiment
emmêlé les pinceaux.
Dans cette position, je me suis rendu compte que le Cavalier noir allait arriver en c5 et que je n’aurais plus rien. J’ai donc pris la décision de jouer 22.Dc1Cd7 23.Da3 Cc5 24.f4. Evidemment, c’est faux à cause de 24…exf4 25.Cf5 Df8 26.gxf4 Tf6 suivi du sacrifice de qualité 27…Txf5! qui profite de l’éloignement de la Dame blanche. Mais il fallait le voir dès le début de la variante, et j’ai raté ce coup. Sans ce sacrifice de qualité, ce que j’ai fait n’aurait pas été aussi critiqué ! Du coup, ça a été la douche froide pour moi, parce qu’à aucun moment de la variante je n’ai réalisé qu’il y avait ce 27…Txf5!. Quelques coups plus tard, Levon a raté un gain direct, que je n’avais pas vu non plus d’ailleurs 🙂 ; mais en rapide, dans des positions très riches tactiquement, vraiment ce sont des choses inévitables, on ne peut pas tout voir comme la machine.
Après,
je sentais qu’il n’avait plus trop d’avantage ; et au lieu de
prendre la nulle par perpétuel, il a gaffé horriblement en donnant
une pièce. Evidemment, il a compris tout de suite et il s’est un peu
décomposé (1-0, 53 coups).
Il
faut dire que le format est très violent ; on a eu le même
jour l’Armaggedon dramatique entre Yu Yangyi et Vitiugov, un summum
dans le genre…
½
Finale :
MVL
– RADJABOV (2758) 0.5-1.5
Dans
le match aller, j’ai joué le premier coup du tournoi dont j’étais
fier, c’est 11.Te1.
D’ailleurs, ce n’est pas le coup que j’avais dans mon fichier 🙂 mais sur l’échiquier, 11.Te1, avec l’idée de pouvoir jouer Fe3, m’a beaucoup plu. Je me disais que c’était un peu un coup à la Grischuk ! Tu réfléchis 15 minutes sur cette position, on se demande bien pourquoi et ça a l’air d’être n’importe quoi, puis tu lâches un petit coup qui a l’air anodin. Heureusement pour lui, après 11..Cf7 12.Fe3, il a 12…Db7, seul coup. Si 12…Dxb2? 13.Tab1! Dxc3 14.Fd4 Dd3 15.Tbd1 et la Tour protège e4 ! Et si 12…Da6 13.Dxa6 Fxa6 14.Tad1 suivi de 15.c5 est désagréable pour les noirs. Après 12…Db7, le problème pour moi, c’est que je ne peux plus jouer 13.c5 car b2 devient prenable, la Dame noire ressortant maintenant du piège via d3 et a6.
Du
coup j’ai joué 13.Db3,
et j’étais plutôt content de moi sur le coup ! Je pensais être un
peu mieux, ce qui a effectivement été le cas dans la partie, mais
parce qu’il a raté 13…Tb8! 14.Dxb7 Txb7 15.b3 f5 16.Fd4 e5!, et
son contre-jeu dynamique compense ce qui me semblait être un
avantage blanc statique. En revanche, après 13…Dxb3?!
14.axb3 Tb8 15.Txa7 Txb3 16.Ca4 Tb7 17.Txb7 Fxb7 18.Cb6!,
j’ai pris l’avantage.
Malheureusement,
il y a eu un moment où je n’ai pas bien cerné la position. Après
18…d6
19.c5 e5,
j’aurais dû jouer 20.Ta1! au lieu de 20.b4?!.
En
fait, j’y ai renoncé car sur l’échiquier, je n’aimais pas la
position après 20…d5 21.Ta7 Tb8, et 21.exd5 cxd5 22.b4 d4 me
semblait également très incertain ; je pensais que ça pouvait mal
tourner… Mais c’est juste un net avantage pour moi, même si ça
devient beaucoup plus tendu, et sans garantie ! Tel que j’ai joué,
j’ai juste abandonné l’avantage (nulle, 31 coups).
Dans
le match retour, comme d’habitude, je me suis planté dans
l’ouverture. Je sais que je n’aurais pas dû jouer si vite…
… Ce
qui s’est passé dans ma tête c’est qu’au lieu de 10…0-0,
je pensais jouer 10…Fc6, mais j’ai vu le très désagréable
11.b4! ; si 11…cxb4 12.cxb4 Fxb4 13.Db2!, et si 11…b6 12.b5
Fb7, les blancs vont manoeuvrer le Cavalier vers c4. Du coup, je suis
revenu vers 10…0-0, et je me suis dit que sur 11.e5 j’avais
11…Fc6 ; j’empêche 12.De4 ; j’empêche aussi 12.Fg5. Et c’est
quand j’ai posé le Roi en g8 que j’ai vu 11.e5
Fc6 12.Cg5!
et constaté l’horreur de ma position !
Et
ensuite y’a pas grand-chose à faire, l’attaque blanche est terrible.
Ce que j’aurais dû jouer en pratique, mais je n’ai pas trouvé
l’idée, c’est 12…g6 au lieu de 12…h6.
Après 13.Cxh7, certes 13…Rxh7? perd en ligne sur 14.Dh5+ suivi de
15.Fxg6, mais j’avais 13…c4!? qui lui compliquait la vie et qui
était beaucoup moins facile pour lui que dans la partie.
Plus
tard, les commentateurs ont estimé que j’aurais eu de petites
chances en échangeant les Dames, ce que j’aurais pu effectivement
faire par deux fois. Mais pour moi, les finales étaient
techniquement perdues, donc ce n’était pas vraiment une option non
plus (1-0, 45 coups).
Du
coup, je suis sorti de la Coupe du Monde par la petite porte, en
ratant une nouvelle fois ma qualification directe pour les Candidats
au dernier obstacle. Ce soir-là, j’étais dégouté et je serais
bien rentré à Paris tout de suite, mais non, il y avait encore une
semaine sur place afin de disputer le match pour la 3e place contre
Yu Yangyi !
Match
pour la 3e
place :
MVL-YU
YANGYI (2763) 4-2
Du
coup, j’ai essayé de penser à autre chose, j’ai fait un peu tout et
n’importe quoi pendant les deux jours off qui précédaient ce
dernier match. J’étais déjà en mode économie d’énergie depuis
quelques temps, et ça a été encore plus le cas contre Yu. Dans la
première partie, il a joué un coup nouveau dans la ligne principale
de la Grünfeld avec 5.Db3.
Je
l’attendais depuis bien longtemps, ce 15.e5
!
Ca fait en effet 6 ans que je l’ai dans mes fichiers, y compris la
position de finale que nous avons obtenue après 15…
Cg4 16. e6 fxe6 17. h3 Ce5 18. dxe6 Fxe6 19. Dxd8 Taxd8 20.Fxb5 Fc4
21. Fxe8 Cd3+ 22. Rf1 Fxc3 23. bxc3 Cxc1+ 24. Rg1 Ce2+ 25. Rh2 Txe8
26. The1
! Je pense que tous les spécialistes de cette ligne connaissaient
également ce coup, et savaient qu’il donnait des positions où les
noirs doivent faire 2-3 coups précis pour égaliser (nulle, 36
coups).
Dans
la deuxième partie, je ne m’attendais pas à ce qu’il rejoue une
ligne de la Petroff qu’il avait essayée quelques semaines auparavant
contre Wei Yi, mais qui me semblait un peu artificielle. Mais le fait
est que je n’ai rien obtenu… (nulle, 30 coups).
Dans
la troisième partie, j’ai été en difficulté sur une ligne de jeu
très rare de la variante d’Echange de la Grünfeld, avec une poussée
9.d5
précoce.
J’ai
pris la décision de réagir de manière très concrète en
amplifiant la tension centrale par 12…f5,
qui n’était clairement pas nécessaire. Il a répondu de manière
très efficace !
…
Et c’est après 21.Te2!
que j’ai compris que je me retrouvais clairement moins bien. Par
chance, après 21…Tfc8
22.Da5 Tc4 23.Cd5 Dd4 24.Te7 Tac8,
il n’a pas joué 25.Da3!, qui me laissait dans mon pétrin après
25…Dc5 26.Dxc5 T4xc5 27.g4! et ma position tient sur un fil.
Pendant la partie, il était impossible de mesurer précisément ce
qui se passait, mais le fait est que je ne me sentais pas
spécialement rassuré ; j’imaginais bien qu’il y avait des trucs qui
pouvaient mal se passer ! Je pense qu’il a cru prendre un net
avantage par 25.Td1
Tc1 26.Tee1,
mais qu’il a oublié 26…Cc4
27.Db4 Txd1 28.Txd1 Db2 29.De7 Dg7!
et le pire est derrière moi (nulle, 32 coups).
Dans
la dernière partie classique, Yu a fait un nouveau choix surprenant
dans la Petroff. Je pensais être un peu mieux dans une position qui
me rappelait la partie Topalov-Giri, Wijk aan zee 2012, remportée
par les blancs.
Il
me semblait qu’à long terme, comme dans la partie de Topalov, le Roi
blanc était plus en sécurité que son homologue. Bon, sur
l’échiquier, j’avais oublié les pions c doublés de Giri, qui
constituaient un facteur aggravant pour les noirs.
Du
coup, dans la partie, j’ai peut-être surestimé ma position parce
qu’en fait, je n’arrive pas à jouer g3 et f4 pour fixer la
structure, auquel cas j’aurais pu pilonner le pion e6 et prétendre à
l’avantage. Malheureusement, si à la place de 19.Td2
dans la position du diagramme, j’avais joué 19.f4, qui était
d’ailleurs ma première idée, les noirs égalisaient complètement
par 19…Df7! 20.g3 e5 avec une finale de Tours nulle à venir. Du
coup, je n’ai trouvé aucun moyen réaliste de jouer pour le gain
(nulle, 30 coups).
Dans
le premier départage, Yu a renoncé à défendre une troisième
Petroff ! Dans l’ensemble, j’ai bien maîtrisé cette partie, même
si j’ai raté un mat rapide qui aurait abrégé ses souffrances !
Ici, j’ai opté pour la finale de pièces lourdes gagnante par 42.Txa6 Df5 43.Rg2 Dxh5 44.Txe6, mais évidemment, 42.Tc8! Txc8 43.Dxf7+ Rh8 44.Fg6 était plus efficace ! (1-0, 66 coups).
Dans le deuxième départage, il devait impérativement gagner mais il s’est complètement planté dans l’ouverture et je me suis imposé facilement.
23…Fb5+
24.Re1 Fc3+ 0-1
illustre la puissance de la paire de Fous !
Même si une médaille de bronze en Coupe du Monde reste un excellent résultat, je garde un sentiment mitigé de ce mois de septembre passé en Russie 🙂 . Cela dit, avant la Coupe du Monde, je misais déjà plutôt sur les Grand Prix FIDE. La Coupe du monde, c’était une » tentative bonus » de me qualifier pour les Candidats ; je considérais que j’avais 15-20% de chances.
Evidemment,
c’est rageant de perdre en demi-finale et d’être une fois de plus le
premier non-qualifié, mais d’un autre côté, il y a eu beaucoup de
moments très chauds, et j’aurais vraiment pu sortir du tournoi plus
tôt ! Dans l’ensemble, j’ai beaucoup moins bien joué sur cette
Coupe du Monde qu’en 2017 où je crois que je le méritais vraiment
plus.
Maintenant,
il me reste les deux derniers Grand-Prix FIDE à Hambourg et Tel-Aviv
; j’estime que j’ai de bonnes chances de me qualifier, au-delà des
50%. Quant aux spéculations sur la wild-card que donneront les
organisateurs russes, je préfère les laisser aux commentateurs. Ce
n’est pas mon sujet pour l’instant… Le mien, c’est d’être au
top le 5 novembre à Hambourg !
L’équipe de France dispute actuellement le Championnat d’Europe des Nations à Batumi (Georgie). Comme il a eu l’occasion de s’en expliquer plusieurs fois, Maxime avait décidé dès le début de l’année 2019 que le calendrier international de cette année ne lui permettrait pas d’y participer. Il est clair que ce problème de déséquilibre flagrant entre les deux semestres de l’année, l’un très aéré, et l’autre très embouteillé, devra être résolu en priorité pour la saison 2020. Profitons de ce Championnat d’Europe en cours pour visualiser une sympathique animation vidéo qui retrace de nombreuses données chiffrées sur l’élite française depuis le début du siècle… (merci à Natacha pour la réalisation 🙂 ). L’occasion d’apprendre que Maxime vient de fêter un autre anniversaire que celui de ses 29 printemps, puisque avec 106 mois passés à la première place française, il bat le vieux record détenu jusqu’alors par Joël Lautier (105 mois entre 1990 et 2004) !
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