Cinq nulles au terme des cinq premières parties pour Maxime, dans un tournoi très âpre, où aucun leader n’émerge clairement (cinq ex-aequo à +1). C’est le bilan à mi-parcours du tournoi classique de Saint-Louis, avant une journée de repos de jeudi au cours de laquelle certains joueurs pourraient bien s’affronter à nouveau, mais dans un autre cadre : un terrain de basket…
Maxime et Aronian en grande discussion avec un buveur de bière, lors de la cérémonie d’ouverture (Photo: GCT).
Dans l’ensemble, les parties de Maxime ont été relativement courtes, avec beaucoup de débats théoriques, à commencer par ses deux parties noires, où au bout de quelques minutes de jeu seulement, une ligne spécifique de la Najdorf était atteinte…
Anand-Mvl et Grischuk-Mvl après 15.Fd3.
En fin d’année dernière, lors du Grand Prix FIDE de Palma de Majorque, Maxime avait joué 15…h5 contre Giri. Lors du tournoi rapide de Saint-Louis il y a quelques jours, il avait préféré 15…d5 contre Caruana (nulle, 51 cps). Mais contre Anand lors de la deuxième ronde du tournoi classique, il a une nouvelle fois joué au chat et à la souris, déviant par 15…Cxd3+ (nulle, 37 cps) ! Enfin, ronde 4, il est revenu à ses premières amours avec 15…h5, contre Grischuk (nulle, 25 cps).
Quatre nulles avec les noirs à ce niveau à partir de la position du diagramme, la Najdorf de Maxime est dure à craquer. D’autres amateurs ?
Arrivée des joueurs (Photo: GCT).
Avec les blancs, Maxime a également livré deux combats théoriques ; l’un contre le Mur de Berlin de Wesley So, où il n’a pas pu prendre d’avantage. Et un autre contre la Petroff de Caruana, impressionnante de solidité depuis que l’Américain a décidé de l’employer régulièrement, en fin 2016 (et la première fois contre Maxime d’ailleurs !).
Les deux joueurs ont eu le sentiment que les blancs avaient obtenu une petite pression insidieuse, malgré l’apparente symétrie de la position.
Mais une approche très sérieuse et précise de Caruana lui a permis de conserver l’équilibre tout au long de la partie.
Début du tournoi, face au champion du monde (Photo: GCT).
Finalement, la seule partie qui s’est rapidement orientée en dehors des sentiers battus fut celle contre Carlsen, en ouverture du tournoi. Après 5 coups, les deux joueurs avaient réussi l’exploit de produire une position nouvelle dans une Défense Sicilienne !
Mvl-Carlsen, Ronde 1 ; une ouverture baroque.
Malgré l’affaiblissement de ses cases blanches après 5…h6 6.h5 g5 7.Ch2!, suivi de Cf1-e3, Carlsen n’a jamais vraiment semblé en difficulté dans la partie. Pourtant, que n’aurait-on dit à un amateur qui aurait joué de cette façon avec les noirs ! La partie s’est finalement conclue sur une nulle logique, les deux Tours de Maxime étant en équilibre dynamique avec la Dame et le pion du champion du monde.
Il reste quatre rondes aux joueurs pour se départager, alors que pour l’instant, ce sont Nakamura, Aronian, Maxime et Mamedyarov qui occupent les quatre places qualificatives pour la finale du Grand Chess Tour 2018 à Londres.
Lors de la reprise de la ronde 6, ce vendredi 24 août à 20h (heure française), Maxime aura les noirs contre Mamedyarov, le joueur du Top mondial contre lequel il a le score le plus négatif…
Concentré… (Photo: GCT).
[otw_shortcode_quote border= »bordered » border_style= »bordered » background_pattern= »otw-pattern-1″]Saint LouisLe Saint-Louis Chess Club se targue d’être le point d’ancrage du renouveau des échecs américains. Et le fait est que sous l’impulsion du milliardaire Rex Sinquefield, des moyens considérables ont été investis pour créer un lieu convivial et attractif au cœur de la ville de Saint-Louis. Mais aussi pour attirer les meilleurs joueurs et les meilleurs espoirs, sans oublier la promotion du jeu dans les écoles de la ville. Il y a également dans le club un « Hall of Fame » qui rend hommage aux meilleurs joueurs de l’Histoire et qui est ouvert aux visites, ainsi qu’une multitude d’exhibitions à thématique échiquéenne.
Saint-Louis, Missouri : « La Mecque des Echecs », disent les Américains…[/otw_shortcode_quote]
Ce mois d’août à Saint-Louis commençait par le tournoi Rapide et Blitz, sur le modèle désormais habituel des compétitions rapides du Grand Chess Tour (GCT), à savoir trois jours de parties rapides en 25’ + 10’’, et deux jours de blitz en 5’ + 3’’. Continuer la lecture de « Vive le blitz ! »
A peine rentré de Bienne le 2 août dans l’après-midi, au lendemain d’une dernière ronde suivie d’une cérémonie de clôture ne laissant guère de place au sommeil, Maxime était attendu pour son entrée en lice dans le Speed Chess Championship 2018, organisé sur le site chess.com
Le format était le même que l’année précédente, quatorze joueurs invités et deux qualifiés composant un tableau à élimination directe ; la formule, identique également, quoique expurgée des parties de chess960 qui n’avaient guère de sens. Quant à la cadence, elle était toujours de 90’ de parties en 5’+1’’, 60’ de 3+1, et 30’ de 1+1 (bullet).
Arrivé chez lui, Maxime s’est entraîné un moment en ligne avec le MI vietnamien Minh Le, réputé notamment pour ses talents en bullet. Et à 21h, il était toujours face à son ordinateur, prêt à affronter son adversaire des 1/8e de finale, le Cubain Leinier Dominguez, dont on oublie parfois qu’il a été champion du monde de blitz en 2008 !
Voici maintenant quelques moments spectaculaires de ce match en ligne qui a totalisé 31 parties en 3h de jeu.
Mvl-Dominguez : 5-1 segment
Le segment en 5/1 a été très serré dans le jeu, mais Maxime a pris deux points d’avance au score.
Dominguez-Mvl, Partie 4 ; sur le thème de la Tour enfermée.
En blitz, 29.Re3? est un mauvais coup, car qui aimerait se faire enfermer la Tour après 29…c5! ? Pas Dominguez, qui la libéra immédiatement au prix d’un pion par 30.b4?, un choix impulsif qui ne l’empêcha pas de perdre la finale de Tours. Pourtant, les noirs auraient encore dû démontrer comment ils profitaient de cet enfermement après un coup d’attente…
Toujours est-il que dans la position du diagramme, 29.c5! assurait la nulle plus facilement, par exemple 29…Td5 30.cxb6 Txb5 31.axb5 cxb6 32.Rd3.
Dominguez-Mvl, Partie 6 ; les finales de Tours sont toujours nulles !
Après un combat tactique épique au cours duquel il était dans les cordes, Maxime a obtenu une finale de Tours difficile, que les blancs auraient pu conclure par 50.Rb4. A la place, Dominguez a joué l’intuitif 50.Ra2? pour gagner en force avec le pion b, sans que la Tour noire revienne derrière lui. Une idée qui a fonctionné après 50…Tc1? 51.b6 Txc4 52.b7 Tb4 53.Tb2! Txb7 54.Txb7+ Re6 55.Rb3 et le Roi blanc revient à temps. Pourtant après 50.Ra2?, les noirs pouvaient profiter de l’éloignement du Roi et utiliser leur propre pion f ; 50…f4!, avec l’idée 51.b6 Tg1 52.b7 Tg8 53.c5 f3!, et sur n’importe quel coup, les noirs joueront …f2 /Txf2 Rd7(d6) bloquant les pions blancs avec le Roi ! Par exemple 54.Rb3 f2! 55.Txf2 Rd7 56.Txf7+ Rc6, ou 54.c6 f2! 55.Txf2 Rd6. Mais trouver ça à la fin d’un blitz ? Inhumain !
Mvl-Dominguez : 3-1 segment
Malgré trois victoires consécutives, Maxime a baissé de pied à la fin de ce segment en 3/1, permettant au Cubain de revenir à un point de lui avant les bullet.
Dominguez-Mvl, Partie 10 ; the King is a man !
Dans un nouveau combat tactique de haute voltige, le Roi du Cubain s’est joint à l’attaque, une initiative intrépide, mais trop risquée ; après 46…Dg8+! 47.Rf6 (47.Re8? Fg7+ 48.Re7 Df8+ 49.Re6 Df6 #), les noirs avaient le choix entre le perpétuel par 47…Dg5+, ou 47…Tg5! 48.Df7 (seul coup) 48…Dxf7 49.Txf7 Fg7+ 50.Re6 Tg6+ 51.Rf5 Rh7 conservant l’avantage. Malheureusement, Maxime a choisi 46…Dg7+? dans la position du diagramme, et après 47.Re8 Dxd7+ 48.Rxd7, a perdu cette finale avec son Fou misérable en f8.
Mvl-Dominguez, Partie 13 ; encore une finale de Tours nulle ?
On ne voit pas bien ce que les blancs auraient pu inventer sur la défense passive 42…Tf7 43.Tc6 Te7. Mais Dominguez a choisi l’activité, et la finale n’est plus du tout nulle après 42…Td5? 43.Tc6! (peut-être le Cubain n’avait-il envisagé que 43.Txc7?) 43…Txb5 44.Txe6 Txb4+ 45.Rd5, car si les noirs ont rétabli l’équilibre matériel, ils sont bel et bien perdus !
Mvl-Dominguez, Partie 17 ; où va le Roi noir ?
Dominguez a choisi c8, et s’est rapidement incliné après 22…Rc8? 23.Dxa7 Tb7 24.Da8+ Tb8 25.Cb6+! 1-0 à cause d’une belle fourchette en d7 à suivre. Il fallait aller se cacher dans le coin par 22…Rb7 23.Tb1+ Ra8, et la menace de mat du couloir en a1 empêche les blancs d’avoir une combinaison décisive.
Dominguez-Mvl, Partie 18 ; 29…Tf3!?, une défense ingénieuse, mais insuffisante.
Dans cette position quasi-désespérée sur le plan stratégique, Maxime a fait preuve de son inventivité défensive habituelle avec 29…Tf3!? 30.gxf3 Dd7!, qui oblige les blancs à trouver le seul coup gagnant 31.f4!, vraiment pas trivial dans un blitz de 3 minutes ! Mais Dominguez l’a bel et bien trouvé, et a converti… Mvl-Dominguez : 1-1 segment
Maxime savait qu’en bullet, il serait largement favori, et le fait est qu’il a largement dominé ce segment, portant le score final du match à 19-12.
Dominguez-Mvl, Partie 24 ; encore un enfermement de Tour !
En bullet, il est impossible de tout maîtriser. Ici, les blancs devaient protéger leur pion b4, mais surtout parer …g5, qui enferme la Tf4 ! Après 25.Dc3? g5, les noirs l’ont rapidement emporté. Essentiel était donc 25.b5 Cc5 26.Cd2, et la partie continuait…
Dominguez-Mvl, Partie 26 ; la gaffe…
Le genre de chose qui arrive aussi parfois à ces cadences extrêmes… Au lieu de conserver le pion de plus et l’avantage par 29.Tg1, Dominguez a choisi une finale de Dames (29.Txf8??), qui n’existe pas ! (29…De1+).
Dominguez-Mvl, Partie 30 ; Maxime enferme maintenant un Fou !
Dans une position légèrement supérieure, les blancs viennent de jouer 23.Cc4?, et Maxime trouve immédiatement la faille… 23…Tc8! 24.Cxe5 Fxe5 et le Fc1 est enfermé et perdu !
Dans un match d’excellente qualité dans l’ensemble, la 31e et dernière partie, toujours en bullet, sera la seule à proposer une comédie des erreurs spectaculaire.
Mvl-Dominguez, Partie 31 ; quand la fatigue se fait sentir…
Maxime rate 29.Dc3+ suivi de 30.Dxc6, qui était la façon la plus simple de mettre un terme immédiat à la partie. Après quelques péripéties, les noirs ont obtenu une finale avec deux pions de plus.
Mvl-Dominguez, Partie 31.
Après un coup comme 53…Re6, la finale noire est techniquement gagnée. Mais Dominguez a joué 53…Tb3?, oubliant complètement la fourchette 54.Txb6+! Txb6 55.Cd5+ Re6 56.Cxb6, et la finale de Cavaliers est nulle.
Mvl-Dominguez, Partie 31.
On a maintenant transposé dans une finale de pions, toujours nulle elle aussi. Mais les cases conjuguées sont impossibles à déterminer sans réflexion, et les joueurs vont se tromper plusieurs fois : 62.Rd5? (seul 62.Re3! fait nulle) 62…Rg6? (la triangulation 62…Rg7! 63.Re5 Rg6 gagnait, à cause du débordement par h5-g4. Et si 63.Rd4 Rh6 64.Re3 Rh5 65.Rf3 Rh4 déborde également) 63.Re5 Rg7 64.Rxf5 Rf8 65.Rf6 Re8 66.Rg7 Re7? (66…f5! 67.Rf6 Rf8 68.Rxf5 Rf7 était, pour le coup, une nulle triviale !) 67.f5! Re8 68.f6 1-0. C’est le Cubain qui s’est trompé une fois de trop !
En quart de finale, sans doute en septembre ou octobre, Maxime sera opposé à la terreur du circuit sur ce format, l’Américain Nakamura, qui l’avait déjà éliminé l’année dernière, et qui vient d’infliger un cinglant 27.5-2.5 au premier tour à la n°1 mondiale, Hou Yifan !
[otw_shortcode_quote border= »bordered » border_style= »bordered » background_pattern= »otw-pattern-1″]Long courrierCette année, Maxime avait décidé de rallier Saint-Louis (Missouri) via New-York. Après un voyage compliqué, suite à un retard conséquent du Paris-New-York, il aura passé 11 heures en vol, plus quelques heures supplémentaires en attente à Charles De Gaulle, ou en transit à New-York ! Heureusement, en arrivant à Saint-Louis deux jours et demi avant le début de la compétition, il aura tout de même eu le temps de digérer cette longue journée de transport, ainsi que le décalage horaire de sept heures.
Le tournoi Rapide du Grand Chess Tour, puisque c’est évidemment de lui qu’il s’agit, débutera samedi 11 août à 20h (heure française).[/otw_shortcode_quote]
Après un début de tournoi difficile, j’ai remporté deux parties avant le break qui suivait la ronde 6, me permettant de revenir à 50% avant les quatre dernières rondes. Du coup, j’ai pu aborder la journée de repos le cœur plus léger. Le midi, nous avons déjeuné dans un bateau naviguant sur le Lac de Bienne, une sympathique initiative de l’équipe d’organisation. J’ai ensuite pu rentrer à temps à l’hôtel pour assister au contre-la-montre du Tour de France, avant d’aller faire le kibbitz au Palais des Congrès pour suivre quelques rondes du tournoi de blitz.
Sur le bateau… (Photo: Leenart Ootes / Biel Chess Festival).
Vous l’aurez compris, j’ai fait le choix de décompresser et de me contenter d’une prépa light pour la reprise, contre le champion du monde Magnus Carlsen. Je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il choisisse la ligne 6.f3 contre ma Najdorf, et c’est la raison pour laquelle j’ai totalement improvisé le coup 13…a5, en lieu et place du normal 13…b6. Carlsen-Mvl, ronde 7 ; 13…a5, une impro de Maxime sur l’échiquier.
Même si la position est sans doute objectivement un peu supérieure pour les blancs, j’ai obtenu le scénario que je souhaitais, à savoir une position avec pas mal de contre-jeu à l’aile-Roi. Néanmoins, j’ai raté son coup 24.Dc2!. Il semblerait que 24…e3 25.Fe1 était quand même jouable pour moi, mais sur l’échiquier, ça ne me plaisait vraiment pas ; a posteriori, on voit 25…Txb5 26.axb5 Rf7!. Du coup, j’ai préféré 24…De7, rentrant dans une finale qui a l’air inférieure, mais qui n’est pas si claire en réalité. En tout cas, c’est lui qui a craqué le premier avec 29.Txa5?, laissant ma Tour s’infiltrer dans son camp, puis avec 32.h4?, qui me laisse un gain un peu miraculeux, mais malheureusement très difficile à trouver : 32…fxg2! 33.hxg5 Td2 34.Fe3 Tc2!! était la solution, les blancs n’ayant rien à opposer à l’arrivée décisive du Fou de cases noires.
Carlsen-Mvl (analyse) ; 34…Tc2! en fin de variante, un coup évident, mais pour la machine !
L’idée est de mettre le Fou en e5, menaçant …Tf1+/ Txf1 Fh2+!/ Rxh2 gxf1=D+. Joli !
Plus tard, sur 35.a7, j’ai compris que 35…Txf2 mènerait à la nulle, et j’ai donc opté pour 35…fxg2 à la place. Malheureusement, après 36.a8=D…
Carlsen-Mvl
… je n’ai pas vu la possibilité 36…Txa8 37.Fxa8 Cd3!, qui me laissait l’avantage, car 36…Cf3+ 37.Rxg2 Cxe1+ était trop tentant, même si la finale qui s’ensuit est nulle après le précis 42.b4 cxb4 43.c5!. A la fin, je répète les coups pour ne pas risquer de péter un câble et de perdre la partie !
Début d’une partie de grande intensité (Photo: Simon Bohnenblust / Biel Chess Festival).
Contre Mamedyarov, j’ai fait face à l’antique variante Dilworth de l’Espagnole ouverte, dans laquelle les noirs donnent deux pièces mineures pour Tour et pion sur f2. J’ai choisi le coup rare 13.Cf1, qui amène un jeu compliqué, mais je ne me suis pas souvenu de tous les détails de mes analyses. Malgré tout, je ne m’en suis pas si mal sorti car il a été imprécis avec 16…h6.
Mamedyarov-Mvl, ronde 8 ; une position d’une grande complexité.
Ici, j’aurais dû poursuivre par 22.g4!, avec une position certes très compliquée, mais sans doute un peu meilleure pour moi. A la place, j’ai préféré 22.Cf4, mais après une longue séquence tactique, la finale est égale, et ce sont même les noirs qui pressent. J’ai trouvé deux bons coups, 34.Ff4 et 37.c4, qui m’ont permis de partager le point rapidement.
Le lendemain, Georgiadis a joué une ligne ultra-solide contre la Grünfeld, et même si j’ai eu l’illusion à un moment que je pourrais obtenir un petit quelque chose, ça n’a jamais été le cas en réalité. Nulle logique.
Heureusement, le tournoi s’est conclu de jolie manière pour moi, face à un Navara qui a raté son ouverture. J’ai tenté d’être subtil dans l’ordre de coups, et ça a marché au-delà de mes espérances ! Ensuite, après avoir obtenu ce que je considérais déjà comme étant une bonne version de l’Italienne, j’ai eu la bonne surprise de voir la manœuvre …Ch7-g5 de sa part. Dès que mon Cavalier a atterri en f5, je savais que cette partie allait être sympa !
Mvl-Navara, ronde 10 ; les noirs viennent de jouer 14…Ch7?!, et c’est aux blancs de s’amuser !.
Après 15.Cf5 Cg5 16.Cxg5 hxg5, j’ai choisi 17.Dh5, qui je crois, gagne en force, mais même si j’avais joué le simple 17.g3, je ne comprends pas trop quelle était l’idée des noirs.
Dans la partie, aucune tentative de défense noire ne fonctionnait. Par exemple 18…gxf4, au lieu de 18…exf4, perdait sur 19.dxe5 dxe5 20.Tad1, et la menace 21.Txd7! Dxd7 22.Dg4 suivi de 23.Ch6+ est trop puissante : 20…g6 21.Dh6 gxf5 22.exf5 f6 23.Dg6+ Rh8 24.Txe5!, ou 20…f6 21.Fd3! De8 22.Fc4+ Fe6 23.Dg4!.
Mvl-Navara ; après 28.fxg6, un joli clin d’œil à la partie contre Carlsen !
En écho à la partie contre Carlsen trois rondes plus tôt, les blancs menacent exactement la même combinaison, à savoir 29.Th8+! Rxh8 30.g7+ Rg8 31.Fh7+! Rxh7 32.gxf8=D+.
Concentré… (Photo: Simon Bohnenblust / Biel Chess Festival).
Au final, le tournoi s’est évidemment mieux terminé qu’il n’avait commencé, c’est l’exception qui confirme la règle de ces derniers temps ! Troisième derrière Magnus et Mamedyarov, qui était intouchable à Bienne, voilà qui était inespéré après trois rondes. Sur le plan du jeu, ça fait aussi du bien de refaire des parties comme celle contre Magnus, qui était vraiment très intéressante. Je n’avais pas joué une partie de ce niveau depuis longtemps…
[otw_shortcode_quote border= »bordered » border_style= »bordered » background_pattern= »otw-pattern-1″]Hello AmericaMercredi 8 août, Maxime s’envolera pour les USA, où il participera aux deux derniers tournois du Grand Chess Tour 2018 (GCT), le Rapide et la Sinquefield Cup à Saint-Louis. Pour l’instant, Maxime est 4e du circuit professionnel GCT, et rappelons que ce sont justement les quatre premiers qui disputeront la finale en décembre à Londres. Début des hostilités à Saint-Louis le samedi 11 août.[/otw_shortcode_quote]
Dixième ville de Suisse avec ses quelque 50.000 habitants, Bienne, qui est à la jonction de la Suisse alémanique et de la Suisse romande, organise depuis des décennies son Festival d’Echecs de juillet. Ce tournoi tient une place particulière pour Maxime, parce qu’il en apprécie sincèrement l’organisation et l’environnement, mais aussi parce qu’il s’y est déjà imposé à cinq reprises !
Une petite simultanée avant la cérémonie d’ouverture (Photo: Simon Bohnenblust / Biel Chess Festival).
Le tirage au sort lui ayant octroyé le n°1, Maxime a eu le privilège de commencer en doublant les blancs. Après une nulle animée contre Svidler, il décida de puiser dans son stock de sous-variantes (4.Ff4) pour contrer la Défense Pirc choisie par le champion du monde Magnus Carlsen. Dans un milieu de jeu sans les Dames ressemblant furieusement à une défense Française, on semblait s’orienter vers une nulle rapide après l’échange de toutes les pièces mineures…
Mvl-Carlsen, ronde 2 ; au lieu de 32.Th6, Maxime a opté pour 32.Tgh4?.
Dans la position du diagramme, 32.Th6! suivi de 33.Tf6 devait assurer la nulle grâce à la double fonction de défense du pion f4 et de pression sur f7. En revanche, après 32.Tgh4? Tg8!, les noirs ont pris l’avantage, avec une position qui a oscillé pendant plus de 25 coups à l’extrême limite de la nulle et du gain noir !
Mvl-Carlsen ; une finale à 4 Tours d’une complexité folle.
Il faudra sans doute de longues analyses pour connaître la vérité de cette finale qui, dans de nombreuses variantes, recèle des finesses dignes des plus belles études. Coup de chapeau aux deux joueurs pour cette finale d’anthologie…
Ouch, 0.5/3 !
En mars, dans sa présentation du tournoi des Candidats, Maxime expliquait pourquoi Mamedyarov était un joueur qui ne lui convenait guère… « Il m’a rarement réussi en parties lentes ; la raison principale est que nous aimons tous les deux le jeu dynamique, mais qu’il est plus souvent parvenu à obtenir des positions dans lesquelles il se sent à l’aise. Dans plusieurs parties, j’ai perdu pied dans ce type de positions compliquées ». Il ne changera certainement pas d’avis après la partie de la troisième ronde, qui porte son score en parties classiques contre l’Azéri à -5. Maxime a en effet perdu pied après un combat difficile, marqué par une préparation théorique de haut vol de Mamedyarov.
Mamedyarov-Mvl, ronde 3 ; 9.h3!, une nouveauté à l’apparence anodine, mais qui contient de nombreuses idées cachées.
Avec seulement 0.5/3, les choses étaient bien mal engagées…
Début de la partie contre Navara (Photo: Simon Bohnenblust / Biel Chess Festival).Navara-Mvl, ronde 4 ; 21…Tac8, un coup esthétique qui force la nulle.
C’est sans doute la raison pour laquelle Maxime n’a pas forcé le destin contre Navara le jour suivant. Dans la position du diagramme, au lieu de continuer une partie très complexe après 21…Cg4!?, il a préféré la très élégante répétition de coups issue de la variante forcée 21…Tac8 22.exf6 Txc6+ 23.Rb3 Td3+ 24.Ra4 Fd6 25.Tb3 Td5 26.Tb5 Td3.
Svidler surestime sa position
Ronde 5 contre le local de l’étape, Nico Georgiadis, Maxime a empoché sa première victoire, somme toute assez facilement, le Suisse oubliant le simple coup 19.Db1, attaquant les pions h7 et b6 simultanément.
Vue partielle de la salle de jeu : comme à Wijk aan zee, tout le monde joue dans la même salle (Photo: Simon Bohnenblust / Biel Chess Festival).
Dans ce tournoi à double ronde, dirigé de main de maître par le très francophone GMI suisse Yannick Pelletier, la ronde de repos a été placée au bout de 6 des 10 rondes. Maxime a donc profité de l’opportunité de scorer à nouveau avant la trêve, ce qui est toujours agréable. Le Russe Peter Svidler a été puni pour avoir surestimé sa position…
Svidler-Mvl, ronde 6 ; 20.e5?! est un peu trop ambitieux.
Après le simple 20.Re2 suivi par exemple de 21.Thc1, la position est sensiblement égale et devrait s’orienter vers la nulle. Le coup de Svidler, 20.e5?!, change radicalement le caractère de la position, mais pas vraiment en faveur des blancs. Après 20…fxe5 21.Te1 f6 22.f4 Tf8!, ce sont les noirs qui ont plus d’options.
Avec 3/6, Maxime est parvenu à rétablir un tournoi initialement compromis. Après une journée de repos du samedi au cours de laquelle les organisateurs ont prévu un petit boat trip agrémenté d’un déjeuner sur le Lac de Bienne, Maxime repartira au combat pour la ronde 7, avec les noirs contre le champion du monde Magnus Carlsen.
[otw_shortcode_quote border= »bordered » border_style= »bordered » background_pattern= »otw-pattern-1″]Champions du Monde !C’est chez lui à Paris, entouré de ses amis, que Maxime a vécu la finale de la Coupe du monde de football entre la France et la Croatie. La victoire de la France méritait le selfie ci-dessous, publié par Maxime sur Twitter. En espérant que cela puisse donner des idées à l’Equipe de France d’Echecs qui, emmenée par Maxime, disputera bientôt son Mondial à elle, à l’occasion des Olympiades 2018, organisées en Georgie fin septembre.[/otw_shortcode_quote]
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