Tous les tournois ne se ressemblent pas, et la fin du Grand Chess Tour 2022 aux Usa n’a pas été à la hauteur de son début à Bucarest… Je suis arrivé à Saint-Louis le 24 août, pour le traditionnel enchainement du Rapid & Blitz puis de la Sinquefield Cup, étapes finales du Grand Chess Tour. J’étais déjà depuis deux semaines sur le sol américain, donc j’étais plutôt bien adapté au changement d’horaire (-7h). Certes, j’avais des heures de sommeil différentes par rapport à d’habitude en France car je dormais plus tôt. Mais je sentais que ce serait de toute façon une bonne chose puisque les parties étaient programmées à 13h.
RAPID & BLITZ
J’ai été assez convaincant dans les Rapides. Même si j’ai raté quelques occasions, j’en ai converti deux belles contre Mamedyarov et Caruana. J’étais assez satisfait de ma prestation pendant les trois jours du Rapide. C’était assez propre, d’autant que j’avais eu cinq fois les noirs et que j’avais rarement été en danger ; donc je pensais que tout allait bien 🙂 . Mais dès le début du blitz, les problèmes ont commencé… Je ne sais pas si c’était la fatigue – sans doute un peu – mais en tout cas, je n’arrivais pas à jouer aussi rapidement et de façon aussi fluide que d’habitude.
Certes, ce n’était pas non plus au niveau de mon début de tournoi en Norvège où j’avais perdu les cinq premières parties en blitz, mais je sentais qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Le premier jour, j’ai beaucoup perdu avec les noirs et le deuxième jour, soudainement, ça s’est inversé ! J’ai notamment perdu une partie grotesque contre Nakamura… J’étais en perte complète de sensations. Je sais que ça arrive toujours en blitz d’avoir des journées sans, mais là c’était vraiment brutal par rapport aux Rapides, ce qui était assez bizarre.
Malgré tout, j’ai partagé la 3e place du Rapid & Blitz avec Caruana, conservant la tête du Grand Chess Tour au classement général, d’une courte tête devant Alireza. Je savais qu’il allait falloir assurer à la Sinquefield Cup pour maintenir ce statut, mais les choses ne se sont pas passées exactement comme prévu 🙂 .
SINQUEFIELD CUP
J’ai eu une première partie compliquée contre Dominguez, mais j’ai plutôt trouvé des bons coups donc je me disais que c’était plutôt pas mal. Ensuite, j’ai réalisé deux prestations assez normales contre So et Mamedyarov ; avec trois nulles, dont deux avec les noirs, je pensais que ça démarrait correctement, mais il fallait maintenant passer l’obstacle Caruana, encore une fois avec les noirs. Au début de cette partie, nous avons tous constaté l’absence de Magnus. Comme les autres, j’ai été perturbé pendant 15-20 minutes, le temps de comprendre ce qui se passait et de mesurer le pataquès que ça allait générer 🙂 . Mais j’ai pu me reconcentrer rapidement sur ma partie.
Comme prévu, Fabiano m’a défié dans un long débat théorique sur la Najdorf. Et sa mémoire s’est une nouvelle fois révélée plus précise.
Ici, je me souvenais de 22.Db7, mais pas de 22.De4. J’ai donc dû réfléchir et j’ai opté pour 22…Te5 (22…Te8! est le plus précis) 23.Dxf4 f6?. Je savais que ce coup intervenait dans certaines lignes, mais ici, ce n’est assurément pas une bonne idée ! J’avais envie d’une solution concrète qui force un peu les événements, mais j’ai manqué de sens du danger et j’aurais dû me contenter d’être un peu moins bien après l’alternative que j’avais envisagée, 23…Db4. Dans la partie, 24.Dd2! (au lieu de 24.Dh2) m’aurait posé de très gros problèmes et le fait est que l’ordinateur s’affole ici en faveur des blancs ; ma Dame est hors-jeu et les blancs menacent de développer une initiative sur l’aile-Roi où mes cases blanches sont affaiblies. J’ai donc continué à souffrir, mais en pratique, c’était tout sauf facile pour les blancs, et je suis parvenu à rentrer dans une finale de Dames avec de bonnes chances de nulle. Mais je pense que je vais faire des cauchemars si je commence à aller analyser cette finale. En tout cas, les machines nous montrent que Fabiano a raté deux fois le gain, et moi deux fois la nulle, et comme d’habitude, c’est celui qui a fait la dernière faute qui a perdu…
Ici, le seul coup pour faire nulle était 88…De7!, ne me demandez pas pourquoi ! Mais j’ai joué le plus humain 88…De6+? et j’ai perdu… Je savais que dans ces positions D+ 2p contre D, il y a des versions qui sont gagnées et d’autres nulles, et que par exemple, Meier en avait perdu une similaire contre Carlsen aux Olympiades. Mais après, pour démêler lesquelles sont lesquelles et pourquoi, c’est absolument impossible en partie ! D’ailleurs, je dois avouer que mon intuition penchait plutôt en faveur de la nulle, mais que cette intuition était donc fausse !
Contre Nepo le lendemain, j’ai joué ma prépa et je pensais être un peu mieux dans la finale, mais je pense que je n’ai pas été assez précis pour poser suffisamment de problèmes ; un constat valable de manière générale.
Avec 2/5 avant la journée de repos, j’ai compris que le gain du Grand Chess Tour devenait improbable. Je sentais que je ne jouais pas assez bien de toute façon pour faire vraiment mal. Mais il fallait que je me reprenne dans les quatre dernières rondes, afin de conserver la deuxième ou la troisième place du circuit, qualificatives pour l’édition 2023.
Malheureusement, la partie de la ronde 6 contre Aronian a confirmé mes craintes.
Toujours dans la variante 6.Fe3 de la Najdorf, Levon a joué une idée nouvelle, 16.Thf1!? (au lieu de 16.The1), que je connaissais toutefois – mais pas aussi bien que lui ! Je suis tout de même parvenu à annihiler son petit avantage et je suis bien revenu dans la partie.
Malheureusement, cette amélioration en qualité s’est faite au détriment de la pendule car j’ai dû prendre beaucoup plus de temps par rapport à ma partie contre Caruana. Dans l’ensemble d’ailleurs, j’ai été d’une lenteur jamais vue dans les dix dernières années de ma carrière au moins ! Et du coup j’ai fini par paniquer en manque de temps, par manque d’habitude sans doute de jouer sous pression sur mes dernières secondes.
Ici, avec seulement 1’ à la pendule, j’ai vainement essayé de faire marcher 36…Tb7 ; mais après 37.Txe4 (37.Rc2? Tg5!), 37…Txb3+? serait impossible à cause de 38.Rc2 Tb4 39.Rc3 gagnant du matériel. J’aurais dû trouver le coup de sécurité 36…Te7!, mais avec seulement 3 secondes à la pendules, j’ai craqué avec le ridicule 36…f5?, qui donne la partie en un coup ; après 37.fxe4 Rh6 38.exf5 Txf5 39.Tf1 Tcf7 40.b4, les blancs se sont facilement imposés avec leur pion de plus à l’aile-Dame.
J’ai ensuite fini par deux nulles pour clôturer le tournoi. D’abord contre Niemann, sans doute en ratant l’opportunité de prendre l’avantage dans le milieu de jeu. Et ensuite contre Alireza, en sachant que ça me garantissait la troisième place du Grand Chess Tour, quels que soient les autres résultats de la dernière ronde.
Ici, il s’est passé quelque chose d’assez marrant ; Alireza a réfléchi une dizaine de minutes, pendant lesquelles je me suis levé et j’ai réfléchi au classement. Et je me suis rendu compte avec effarement que si une nulle contre Alireza me garantissait absolument la 3e place du Grand Chess Tour, ce n’était pas le cas en cas de victoire ! En effet, si Niemann et Aronian s’imposaient contre Nepo et Mamedyarov, alors Caruana aurait partagé la première place du tournoi, et me serait passé devant d’un quart de point au classement du Grand Chess Tour. Autant dire qu’en retournant sur l’échiquier, ma détermination à faire nulle était devenue totale !
Il me reste à féliciter Alireza pour son parcours exceptionnel à Saint-Louis. Remporter à la suite le Rapid & Blitz puis la Sinquefield Cup, personnne ne l’avait jamais fait !
Les parties rapides de Maxime à Saint Louis :
:
Les parties de blitz de Maxime à Saint Louis :
:
Les parties classiques de Maxime à Saint Louis
:
Avant de participer aux deux tournois du Grand Chess Tour à Saint-Louis, Maxime avait d’abord pris une semaine de vacances en Floride, puis participé à deux exhibitions sur la côte Est. La première s’est déroulée à Bridgeport (Connecticut), en marge de l’Open organisé par le dynamique Dan Starbuck-Pelletier et son équipe. Accueilli en guest star pendant trois jours, Maxime a pu animer des masterclasses, donner des simultanées, et participer à un tournoi de blitz. Ensuite, à l’invitation du Manhattan Chess Club, il a parcouru la centaine de kilomètres qui le séparaient de Greenwich Village au cœur de New-York pour disputer une simultanée dans ce club mythique, qui a déjà accueilli en son sein les plus grands noms des 64 cases.
Le week-end des 9-10 juillet, j’ai effectué un passage express à Brême pour la fin de la Bundesliga. Bien qu’étant souffrant à ce moment-là, j’ai pu apporter deux nulles aves les noirs, et participer au nouveau titre de champion d’Allemagne de Baden-Baden.
Quelques jours plus tard, je partais pour Zagreb avec mon compatriote Alireza Firouzja, afin d’y disputer le tournoi Rapide & Blitz du Grand Chess Tour 2022.
Voici les moments les plus importants de la partie Rapide, ainsi que quelques moments spectaculaires de la partie Blitz :
TOURNOI RAPIDE
Ronde 1 : TOPALOV-MVL
Un bon démarrage dans le tournoi en dépit d’une ouverture pas très maîtrisée.
Ma manoeuvre …Ca6-c7 n’était pas précise et j’ai tenté de compliquer les choses en préparant …f5. Je pense que Veselin a craint ce coup et il a pris la décision bizarre 12.dxe6? qui s’avère être une faute stratégique car …f5 aurait été au moins aussi risqué pour moi que pour lui ! Après 12.dxe6? Cxe6 suivi de …Fb7, j’ai pu mettre la pression sur e4 et prendre rapidement l’avantage.
Ronde 3 : CARLSEN-MVL
Ici, les blancs devaient commencer par 9.Dd2! pour tenter de réfuter mon sacrifice de pion dans l’ouverture. Car après 9.Fb2?!, j’ai pu placer l’élégant 9…Fa3!, et j’avais calculé qu’après 10.0-0-0 Dxc3 11.Fxa3 Cf6! (mais pas le suicidaire 11…Da1+? 12.Rd2 Dxa2 13.Fb5!) 12.Dc4 Da1+ 13.Rd2 Dxa2, les blancs n’avaient pas mieux que le perpétuel qui suit 14.Te1+Fe6 15.Txe6+ fxe6 16.Dxe6+. Une ligne qui peut sembler dangereuse, mais j’avais compris que les Cavaliers protégeaient en fait plutôt bien mon Roi.
Une partie très marrante pour terminer la première journée…
Ronde 4 : MVL-VAN FOREEST
Une partie extrêmement complexe dans laquelle j’ai un peu craqué pour me retrouver dans une finale inférieure, mais que j’ai tenue.
Malgré 50 coups de torture, la nulle a été signée au 104e coup !
Ronde 5 : FIROUZJA-MVL
J’ai obtenu une bonne position contre une ligne d’ouverture marginale, avec un très rapide h3-g4-Fg2 sur la Sicilienne. Mais comme souvent, c’est dans la transition ouverture / milieu de jeu que j’ai dû perdre un peu le fil. Certes, c’est une phase qui constitue l’une des principales difficultés aux échecs, mais il est certain qu’il y a là un axe d’amélioration dans mon jeu.
Toujours est-il que je me suis retrouvé vraiment moins bien après 20 coups…
Malgré une bonne série de coups en défense, j’aurais continué à souffrir après un coup normal comme 21.Fe4 ou 21.h4, voire le plus brutal 21.f4. Mais Alireza a voulu gagner un pion qu’il n’aurait pas dû prendre ! Après 21.cxb4?! Cxb4 22.Cxe5, j’ai pu activer mes pièces par 22…Td8 23.Fe4 g6 24.h4 Cd5 25.Fd2 Tb8. Ensuite, j’ai fait une très bonne partie je crois, avec pas mal de pointes tactiques. Cela dit, c’est devenu un enfer à calculer, et il y a certainement eu des erreurs de part et d’autre ; dans une position pareille, c’est normal.
Mais ce qui l’est moins, c’est d’avoir raté la conversion alors que j’avais fini par obtenir une finale gagnante, avec en plus un peu d’avance à la pendule.
C’était le moment de ralentir et d’investir une bonne partie de mes 2’30’’ restantes pour comprendre que le naturel 52…Ta4! gagnait tranquillement, malgré l’arrivée du Roi en b3 : 53.Rc3 Fxg5 54.Rb3 Te4! et la Tour revient en e8 pour contrôler le pion a, tandis que le pion h5 est un bolide. Dans la partie, j’ai réussi l’exploit de le laisser construire une forteresse sur cases noires après 52…Tb1 53.Fe3 Tb5 54.a6 Fxg5? 55.a7 Ta5 56.Fxg5 Txa7 57.Re4. Quand j’ai vu le soir ce que j’avais raté, je me suis dit que j’étais vraiment un idiot 🙂 .
Ronde 6 : MVL-SARIC
Comme j’avais déjà eu deux très longues parties, j’ai refusé de jouer contre la Najdorf de Saric et opté pour 3.Fb5+, mais je n’ai strictement rien obtenu au cours d’une partie insipide.
Ronde 7 : MAMEDYAROV-MVL
Après avoir une nouvelle fois été imprécis à la fin de l’ouverture pour contrer le sacrifice de pion des blancs, j’ai pris la décision drastique de la fuite en avant ; rendre le pion et en sacrifier immédiatement un derrière, afin d’essayer de libérer mon jeu !
Plutôt que de me défendre passivement, j’ai donc préféré 19…Ce7 20.Fxb7 Txc1 21.Dxc1 d5!?, même si après 22.Fxd5 Tc8 23.De3, l’avantage blanc a certes changé de nature, mais il reste incontestable ; ce n’est plus « un pion de moins avec de grosses compensations », mais « un pion de plus et pas assez de compensations noires » !
Mais sa réticence à affaiblir les cases blanches en jouant e3 m’a permis de revenir dans la partie, en créant juste à temps un contre-jeu miraculeux.
28…e3!. Pas besoin de me le dire deux fois ! 29.f3?! (trop risqué à mon goût ; je pense qu’il aurait dû se résoudre à la nulle par 29.fxe3 Cg4 30.Dd3 Cxe3 31.Dxe3 Dxd1+ 32.Rf2 Dxa4, mais je comprends qu’il ait été difficile pour lui de prendre cette décision…) 29…f4 30.Rg2 Cg6. La machine maintient que c’est égal, mais en pratique, sa majorité à l’aile-Dame est bloquée, ma Da1 contrôle la grande diagonale noire et la case e1. Donc le Fou ne peut pas bouger, et la Dame pas trop non plus…
Ensuite, j’ai amplifié mon contre-jeu avec …h5-h4-h3, arrivant au moment décisif de la partie.
Ici, c’était très dur, mais il fallait prendre et après 34.Rxh3 Df6, trouver 35.g5! Dxg5 36.Dc3+ et 37.De1!, qui tient la boutique. Autant dire que je n’avais pas la ligne, et lui non plus !
Donc, il a joué 34.Rf1?, et là oui, j’ai trouvé le joli 34…Cf8!.
Evidemment, mon premier réflexe instinctif, c’était de jouer 34…Ce5 35.Dd5 Cc4, mais j’ai vu qu’il y avait 36.Dg5+ et perpétuel. Et si je joue 34…Df6 immédiatement, il réplique simplement 35.Fb3, et 35…Dh4 est toujours contré par 36.Dc3+ et 37.De1. Du coup, je me suis replié sur la manoeuvre plus lente commençant par 34…Cf8!, visant e6, mais en n’en mesurant pas complètement l’impact. Je ne savais pas que j’étais gagnant ; je pensais qu’il avait encore une défense, avec 35.Dd5 Ce6 36.g5, mais ce n’était certainement pas suffisant en réalité. De toute façon, j’avais compris que déjà, je ne courrais aucun risque en choisissant cette manoeuvre. Parce que mon Ce6 empêche tous les échecs ; il contrôle vraiment tout et est finalement mieux placé qu’en g6. Quant à ma Da1, elle est toujours aussi forte et j’ai encore en réserve l’idée avec …Df6-h4.
Après 34…Cf8!, j’avais anticipé sa tentative de dégagement 35.a5? Dxa5 36.Dd4+ Rg8 37.Dxf4, et vu que 37…Dd2! devait être léthal. Ce qui était vrai, mais pas sans devoir passer une dernière embûche, que mon adversaire et moi avons tous les deux ratée. A notre décharge, c’était vraiment difficile à déceler avec peu de temps à la pendule. En fait, après 38.Da4, les noirs devaient calmement commencer par 38…Ce6! pour être effectivement gagnants. Mais j’ai cru que 38…Dd6? mettait un terme immédiat à la partie, ce qui s’est avéré exact après 39.Rg1? Ce6 40.Dc2 Dd8! suivi de 41…Dh4 et abandon blanc.
Mais après 38…Dd6?, les blancs avaient la possibilité de se libérer par 39.Fb3, puisque sur 39…Dxh2, il y aurait eu 40.Fxf7+! avec un plus qu’improbable perpétuel ! Que les noirs prennent ou ne prennent pas le Fou, et en dépit de la présence du Cf8 en défense, le Roi noir ne pourra trouver aucun refuge…
Ronde 8 : NEPOMNIACHTCHI-MVL
Une petite tragédie d’ouverture !
Je savais que son coup 7…c5? était mauvais et qu’il fallait jouer 7…Cd7 à la place, mais je ne me souvenais plus de la réfutation. Après 8.Cb5 Fe6, j’ai vu 9.c4!, mais pas la continuation 9…dxc4 (9…a6 10.cxd5) 10.Cg5!, qui exploite la faiblesse de la case d6 et gagne en ligne.
C’est dommage, et j’ai d’ailleurs fait une non-partie par la suite, opposant une bien faible résistance.
Ronde 9 : DOMINGUEZ-MVL
Toujours bien préparé, l’Américain a obtenu une position stable et avantageuse dans la variante 7.Fe3 e5 contre la Najdorf, mais j’ai plutôt bien manœuvré en défense, notamment avec mes Cavaliers, pour annihiler complètement son initiative.
TOURNOI BLITZ
Voici donc quels moments-clé ou spectaculaires dans mes parties du tournoi de blitz :
Ronde 1 : MVL-SARIC
28.Fxh5? ; un sacrifice à l’intuition, qui aurait été possible à condition d’intercaler 28.fxg6 fxg6 29.Fxh5!? puisque 29…gxh5? serait maintenant impossible à cause 30.Dxh5, profitant de la case f5 pour le Cavalier et de la diagonale h5-e8 pour la Dame. Or, après 28.Fxh5? immédiatement, Saric aurait pu prendre tranquillement car après 28…gxh5 29.Cxh5 Fh6, le potentiel d’attaque des blancs est clairement insuffisant. Mais il m’a fait confiance et après 28…De3? 29.fxg6 Dxc3 30.gxf7+ Rf8 31.Dg4!, mon attaque est devenue irrésistible.
Ronde 3 :MAMEDYAROV-MVL
Dans cette position égale, j’ai décidé en quelques secondes de tenter le tout pour le tout avec 42…Fxf2?, même si je n’étais pas du tout sûr de mon coup ! Après 43.Rxf2 g3+, Mamed devait cependant trouver le difficile 44.Rf1!, l’idée étant que 44…Cd2+ 45.Re1 f2+ n’est pas possible à cause de 46.Rxd2 f1=D 47.Tf8+. Mais dans la précipitation d’une fin de blitz, il a joué le coup humain 44.Rg1?, après quoi la position est à nouveau nulle : 44…Cd4 45.Tf7+ Re3 46.Te7+ Rd2 47.Td7. Malheureusement, j’ai pris la mauvaise direction ici et après 47…Re1? (47…Rc3! 48.Txd4 Rxd4 49.Fxf3 b5! 50.axb5 Rc5 et nulle) 48.Fxf3? (48.Fb5! et +- d’après la machine !) 48…Cxf3+ 49.Rg2 Cd2 50.Rxg3 et là encore je n’ai pas su garder mon Roi près de l’aile-Dame ; 50…Cc4? 51.Rf4 Re2 52.Re4 Cb2 53.Td4 1-0. Pourtant, la nulle était toujours là après 50…Rd1! 51.Rf4 (51.Tc7 Ce4+ 52.Rf4 Cc5 = ou 51.Td6 Rc2 52.Txb6 Ce4+ 53.Rf4 Cc3 54.Tc6 Rb3 =) 51…Rc2 = ; le Roi noir participe à la défense, ce qui change tout.
Ronde 5 : CARLSEN-MVL
Une très bonne partie de part et d’autre, qui s’est décidée dans les toutes dernières secondes.
Je viens de rater la nulle quelques coups plus tôt, et Magnus n’a plus qu’à jouer le trivial 63.a8=D Fxa8 64.Txa8 et j’abandonne. Mais dans la frénésie finale, il a opté pour 63.Te8??, et après 63…Ta4?? 64.h8=D 1-0. Je n’ai évidemment pas eu le temps de trouver 63…Fc2!, qui menait à une nulle forcée, mais envisageable uniquement avec du temps à la pendule, donc aucun regret ! Le mécanisme de défense est cependant très joli et vaut le détour : les blancs commencent par avoir le choix de leur promotion Dame ! 64.h8=D (en fait, 64.a8=D n’y change rien) 64…Td1+ 65.Rf2 Td2+ 66.Rg1 (66.Rf1 Td1+ 67.Te1 Fd3+ 68.Rf2?? serait réfuté par 68…Td2+ 69.Rg1 f2+) 66…Td1+ 67.Te1!? (la dernière tentative !) 67…Txe1+ 68.Rf2 Te2+ 69.Rf1 Fe4 70.a8=D Fxa8 71.Dxa8 et le plus simple est maintenant 71…Rg5 72.Dxf3 Te6! suivi de 73…Rg6 et c’est une forteresse !
Ronde 9 : DOMINGUEZ-MVL
Dans une Najdorf hyper sauvage avec roques opposés, l’attaque des blancs a été plus rapide. Avec mon dernier coup 29…Tf2, j’ai cependant réussi à poser un problème complexe aux blancs : comment conclure ? Evidemment, 30.Ce6? ne va pas à cause de 30…Txb2+ 31.Ra1 Txa2+ suivi du mat. La bonne solution était loin d’être évidente, et aucun de nous ne l’a vue : 30.The1! (pas facile de penser à quitter la colonne h !) et si la Dame bouge, 31.De6+ gagne instantanément. Pour la beauté du geste, signalons que les noirs auraient encore eu une défense diabolique qui a l’air très forte après 30.The1! Td2!. Malheureusement, elle ne suffit pas si on va vraiment au bout de la ligne : 31.Txe3 Txd1+ 32.Rc2 Cxe3+ 33.Rb3 Txd4 34.De6+ Rh7. Tout semble aller pour les noirs car la Dame blanche ne peut pas prendre la Tc8 et le Ce3 simultanément. Mais les échecs sont parfois magiques ! 35.g6+! Rh8 36.Dxe3+ Rxg6 (36…Rh5 37.Dh3+) 37.De6+ Rg5 38.Dxc8 et le tour est joué !
A la place, Dominguez a choisi 30.Dh7+? Rf8 31.Td3? (31.Ce6+ était cette fois impératif, et après 31…Dxe6 32.dxe6 Txb2+ 33.Ra1 [33.Rc1?? Txc4+ et mat] les noirs ont le choix entre le perpétuel ou continuer la partie par 33…Th2+) 31…Fxd4! (la pointe !) 32.Txe3? (32.Txd4 Dxd4 33.Dh8+ Dxh8 34.Txh8+ Re7 35.Txc8 offrait encore quelques chances pratiques en blitz) 32…Txb2+ 33.Rc1 Txc4+ 34.Tc3 Fxc3! 35.Tf1+ Ff6+ 36.Rd1 Ce3+ 0-1, c’est mat au coup suivant.
Ronde 10 : SARIC-MVL
En blitz, même les finales avec matériel très réduit sont difficiles : ici, 59.Rd3?, choisi par Saric, perd car le Roi blanc est exclu du jeu après 59…a4 60.Tg6 a3 61.Tg2+ Rb3 (mais pas 60…Rb1? 61.Rc3!) 62.Tg1 a2 0-1.
Nécessaire était 59.Rc5!, mais qui peut être sûr de défendre parfaitement une telle finale avec seulement deux secondes par coup ?
Ronde 11 : NEPOMNIACHTCHI-MVL
Ian n’a pas vu la menace introduite par mon dernier coup et est tombé dans le piège ! 33.Fc7? (33.Td1 était nécessaire) 33…d2! et tout s’écroule : 34.Dxa3 (34.De2 Dc6!) 34…d1=D 35.Fxd8 Dc6! 36.f3 (36.Txh3 Dh1+! 37.Rxh1 Dxf1 #) 36…Dcc2 0-1.
Ronde 13 : FIROUZJA-MVL
Après une partie pleine de rebondissements, Alireza et moi-même avons été victimes d’un double aveuglement dans le rush final :
Je suppose que la position noire doit être gagnante à la longue, mais pas après 45…Cf3?, oubliant complètement 46.Td1 et je reperds la pièce. S’en est suivi 46…Cxh2 47.Txg1 Cg4 et la position est nulle, personne ne pouvant rien entreprendre, sauf après 48.Rh4?? Tc7! et 0-1, le mat étant imparable.
Ronde 15 : VAN FOREEST-MVL
Un désastre d’ouverture, après m’être emmêlé les pinceaux (poussées …c4 et …b4 au lieu d’échanger en d4). Après 13.Cfg5, je voulais presque abandonner. J’ai quand même continué par 13…Fe7 14.Dh5 (14.Df3! Tf8 15.Cxh7 est encore plus simple) 14…g6 15.Dh6 Db6 16.Dg7 Tf8. Ici, les coups qui protègent d4, comme 17.Fe3 ou 17.Td1, sont bons. 17.Fa4 est fort aussi. Mais pas le coup choisi par Jorden, 17.Cxh7?, c’était tout ce que j’espérais ! 17…Dxd4 (je suis fou de joie de donner la qualité !) 18.Fg5 Dxe5 19.Dxe5 Cxe5 20.Fa4+ Fc6 21.Fxc6+ Cxc6 22.Cxf8 Rxf8 et les noirs sont parfaitement ok. Je l’ai échappé belle, et je l’ai même finalement emporté !
Ronde 18 : MVL-DOMINGUEZ
Dans cette position, j’ai joué 31.Fd3 Fg6 32.Fxg6 fxg6 33.De4 avec un très léger avantage dans la finale de Dames, transformé en gain après de nombreuses aventures. Mais à la place de cette variante, la position recelait un gain somme toute assez élémentaire, mais à côté duquel je suis complètement passé : 31.c5! dxc5 32.d5 et le pion file !
Le bilan d’ensemble est plutôt positif : 5/9 dans les rapides (avec 5 fois les noirs), et une médiocre première journée de blitz (4/9), compensée par un énorme come-back le lendemain (8/9). Bizarrement, l’ami Alireza a réalisé un parcours presque similaire au mien, et c’est donc en toute logique que nous partageons la deuxième place au classement final, un demi-point derrière Carlsen, intouchable en Croatie.
Je me suis déjà exprimé plusieurs fois sur ma non-participation aux Olympiades en Inde, et je profite de l’occasion pour souhaiter bonne chances aux équipes de France. La prochaine étape pour moi sera un déplacement de plus d’un mois aux Etats-Unis à partir du 12 août. Après quelques jours de repos, je rejoindrai le Connecticut, où je serai présent pendant l’Open de Bridgeport (19-21 août). Le 23, le mythique Marshall Chess Club de New-York m’a invité à donner une conférence et une simultanée dans ses locaux. Le lendemain, je rejoindrai le Missouri, où le Grand Chess Tour reprendra ses droits avec le Rapide & Blitz de Saint-Louis, du 26 au 30 août, puis la Sinquefield Cup du 2 au 12 septembre.
Les parties de Maxime en Bundesliga
:
Les parties rapides de Maxime à Zagreb :
Les parties blitz de Maxime à Zagreb :
La veille de son départ à Zagreb, Maxime est allé à Saint-Denis, en banlieue parisienne, pour s’initier au nouveau jeu de raquette à la mode, le padel. Accompagné de quelques amis, dont les GMI Laurent Fressinet et Sébastien Mazé, il a pu découvrir ce sport intense, comme en témoigne cette photo prise par Laurent Fressinet… quelques instants avant le drame !
En effet, quelques minutes plus tard, un smash malheureux a valu à Maxime un retour de raquette sur le visage, avec cependant plus de peur que de mal. Mais les lunettes, elles, n’ont pas résisté… Trop tard pour en refaire avant l’avion du lendemain matin, mais heureusement pour lui, une vieille paire de rechange traînait dans un tiroir. Ce qui lui a évité de devoir jouer en Croatie quasiment « à l’aveugle » !
Me revoilà donc après une séquence où j’ai enchaîné le Norway Chess, le Championnat de France par équipes à Chartres, un petit périple de 48h à Madrid pour le lancement public de la plateforme Immortal Game dont je suis l’ambassadeur, et pour finir les demi-finales et finale de la Coupe de France à Paris !
NORWAY CHESS
Vu mon emploi du temps assez dense ces temps-ci, je vais revenir assez rapidement sur ces compétitions… Je suis donc arrivé en Norvège le 29 mai, dans une ville de Stavanger que je commence à bien connaître. C’est un cadre familier où j’ai mes petites habitudes et à vrai dire, c’est plutôt un avantage ; surtout dans un environnement sain, où l’on peut se balader et respirer l’air frais ! Par rapport à d’autres villes, c’est un énorme plus. Après, il n’y a pas tant de choses que ça à faire à Stavanger, mais du coup, le contexte d’ensemble est assez reposant. En plus des balades et de la préparation échiquéenne en elle-même, je dois avouer que j’avais toujours un oeil sur le tournoi de Roland Garros ! J’ai pu suivre pas mal de gros matches, mais pas les demies ni la finale, qui se déroulaient en même temps que mes parties.
Au niveau du format, le Norway Chess a repris celui qui avait été expérimenté pour la première fois en 2019, avec des parties de 2 h sans incrément, et un Armaggedon en cas de nulle. La veille de la première ronde, un tournoi de blitz était organisé, avec l’objectif de donner aux 5 premiers le privilège d’avoir 5 fois les blancs.
J’ai fait quelque chose qui ne m’était jamais arrivé de ma vie et qui est un peu perturbant pour un champion du monde en titre… perdre mes 5 premiers blitz d’affilée ! Heureusement, il y a eu une petite pause de dix minutes qui m’a permis de reprendre mes esprits et donc de finir en boulet de canon, mais les 4 victoires n’ont cependant pas suffi à compenser les 5 défaites !
Place au tournoi principal :
Ronde 1 : ANAND-MVL 1-0
Ici, influencé par le fait que les autres options me semblaient un peu passives, j’ai décidé d’être ambitieux avec le sacrifice de pion 17…b5?. Malheureusement, ce choix s’est avéré être une mauvaise décision, prise au mauvais moment ! J’ai juste oublié qu’après 18.cxb5 Cxd4 19.Fxd4 Fxd4+ 20.Txd4 axb5, les blancs ne jouaient pas 21.Dxb5 Ce5! qui laisse beaucoup de contre-jeu, mais le très fort 21.Dd2!, et les noirs sont très mal. Je dois aussi dire que Vishy a fait une partie impeccable et a converti de façon très convaincante.
Ronde 2 : MVL-MAMEDYAROV 1/2
Une nulle sans trop d’histoires suivie d’un gain chaotique dans l’Armaggedon…
Ronde 3 : TARI-MVL 0-1
Encore une Sicilienne avec 3.Fb5+, dans laquelle il m’a placé une prépa plutôt réussie. Mais à la fin de l’ouverture, j’ai réussi à retourner les choses, notamment à partir de la position suivante :
Il n’avait pas anticipé 13…Cc7! et n’a même pas vraiment réfléchi à accepter le sacrifice et à prendre en d6 : 14.Cxd6 Ce6 aurait en effet complexifié la position 🙂 . Il a préféré jouer à l’économie d’énergie par 14.g4 Ce6 15.g5 Fe7, qui n’était pas inintéressant, mais à condition de continuer par 16.Cxe7+ Dxe7 17.f5 car je n’aurais certainement pas joué 17…Cxg5 18.Dg3 qui me semblait trop risqué pour mon Roi, mais plutôt 18…Cd4 avec une position compliquée. Dans la partie, il a opté pour la suite inférieure 16.fxe5?! Dxe5 17.Cxe7+ Dxe7 18.Dg3. Et pas de chance pour lui, cette position n’est pas seulement un peu désagréable pour les blancs, comme on pourrait le penser de prime abord, mais quasiment perdue après l’excellent 18…f6!. Je pense avoir converti de façon clinique après 19.gxf6 Txf6 20.Txf6 Dxf6 21.Ce2 Tf8 22.Fd2 Cf4 23.Cxf4 exf4 et la marche en avant du pion f, combinée à la vulnérabilité du Roi blanc, est décisive.
Ronde 4 : RADJABOV-MVL 1/2
Après avoir bien tenu une longue ligne théorique de la Grünfeld qui est sans gros danger si les noirs sont précis, j’ai cédé dans l’Armaggedon, faute d’avoir tous les réflexes adéquats dans le Gambit-Dame Accepté, que j’ai intégré à mon répertoire il y a quelque temps.
Ronde 5 : MVL-TOPALOV 1/2
Pas une grande réussite avec les blancs car je me suis clairement emmêlé les pinceaux dans l’ouverture. Heureusement, j’ai plutôt bien réglé mes problèmes et réussi à tenir la position. Et dans l’Armaggedon, Veselin a eu la gentillesse d’oublier une petite combinaison perdant un pion à la fin de l’ouverture !
Les blancs sont sans doute déjà mieux après un coup normal comme 19…Cf6, mais après 19…Df6? 20.Dxf6 Cxf6 21.hxg6 hxg6 22.Fxg6 et si 22…fxg6 23.Txe6, ils sont tout de suite gagnants.
Ronde 6 : WANG HAO-MVL 1/2
Une nulle facile et rapide avec les noirs, suivie d’un Armaggedon où j’ai clairement dominé.
Ronde 7 : MVL-SO 1-0
Dans une position normale, Wesley a joué ici 18…Ce4?, un coup qui perd deux temps après 19.f3 Cd6 (19…b5 20.fxe4 bxa4 21.Dc4 n’est vraiment pas beau non plus) 20.Cc5 Dc8 21.Ff4, et c’est plus que la position noire ne peut tolérer en termes pratiques. Je n’ai pas du tout compris son choix, d’autant que c’est justement le genre de chose qui ne lui arrive jamais !
Ronde 8 : CARLSEN-MVL 1/2
Clairement le temps fort et le moment-clé du tournoi pour moi. Le champion du monde est arrivé avec une idée spécifique contre ma Grunfeld. Sans doute une de celles qui avaient été préparées pour son match de championnat du monde ; enfin, c’est probablement une idée parmi d’autres, qu’il a donc décidé d’utiliser contre moi. Mais je pense qu’il a mal négocié la sortie de l’ouverture. Je me suis retrouvé tout de suite un peu mieux et en plus, il a dépensé pas mal de temps de façon un peu bizarre. Cette mauvaise gestion du temps m’a surpris parce que d’habitude, c’est un de ses énormes points forts justement : savoir s’arrêter aux moments importants et jouer rapidement quand il n’y a pas grand-chose à décider.
Du coup, surtout sans incrément, il s’est retrouvé avec très peu de temps et une position vraiment difficile à défendre. D’où cette erreur qui aurait dû être décisive au 40e coup, basée sur une faute de calcul.
40.f4? Fe3 41.Td7 exf4 et je pense qu’il avait raté que 42.Txf7? est impossible à cause 42…Tb2 43.Rf3 fxg3.
Quelques coups plus tard, nous avons atteint la position suivante :
Ici, les noirs sont gagnants, mais ça demande toutefois une précision millimétrique. Avant de jouer 47…g5, j’avais anticipé sa contre-attaque sur f5, mais via h7, empêchant au passage l’option …Rg6. Du coup, quand il a joué 48.Fe6, pour moi 48…Rg6? était la réaction naturelle, puisque j’avais déjà calculé que 48…gxh4 49.Fxf5 h3+ 50.Fxh3 Tg3+ 51.Rh2 ne suffisait pas car aucune découverte ne fonctionnait, la Tour d7 étant protégée ; si j’avais passé un peu plus de temps ici – et c’est là mon grand regret – j’aurais trouvé le coup d’étude 51…Fb8!, et les blancs sont en zugzwang intégral ; tout coup de Tour laisserait la pièce en prise sur une découverte, et idem pour tout coup de Fou. Pas si difficile en fait !
La position est donc redevenue nulle mais Magnus s’est à nouveau trompé ultérieurement. Malheureusement, j’ai une nouvelle fois raté ma chance, mais franchement ce deuxième gain était beaucoup plus difficile que le premier !
Je pense quand même que c’était une bonne partie de ma part, mais avec un petit goût d’inachevé…
L’Armageddon a été un peu fou. Pendant les vingt minutes de pause, j’ai décidé de jouer exactement la même ligne s’il répétait, ce qui me paraissait peu probable mais qu’il a fait quand même. Impossible de décrire tous les aléas de cette partie un peu dingue mais disons que j’ai réussi à trouver les bons coups et à gérer la position. Evidemment, ça m’a coûté du temps sur certaines décisions. Et au moment où je pensais avoir fait le plus dur, je me suis retrouvé avec un cavalier enfermé. Avec une seule seconde d’incrément généreusement allouée après le 40e coup, ça a été panique à bord et j’ai dû m’incliner !
Ronde 9 : MVL-GIRI 1/2
J’avais encore une chance théorique de concourir pour la première place avant cette dernière ronde, mais il aurait fallu un alignement des planètes assez improbable. De toute façon, Giri m’a vite ôté tout espoir avec sa très surprenante idée dès le 5e coup dans la Rossolimo !
Une dizaine de coups sont déjà connus ici, mais pas 5…h6!?. Incompréhensible au premier abord, ce coup n’est en fait pas si ridicule et je vous épargnerai les tentatives d’explication compliquées 🙂 .
Toujours est-il qu’il a très bien fonctionné après 6.b3 a6 7.Fxc6 Cxc6 8.Fb2 b5 9.Cc3 Fe7 10.a4 bxa4! 11.Cxa4 0-0 et les noirs ont complètement résolu leurs problèmes. A notre grande surprise, il s’est avéré après coup que l’on avait joué une partie quasi parfaite !
J’ai ensuite remporté le dernier Armaggedon pour finir à une honorable 4e place.
En rentrant de Norvège, j’ai à peine eu le temps de défaire mes valises que je repartais pour Chartres, afin de rejoindre mon équipe d’Asnières qui était en train de disputer le Top 16 (Championnat de France par équipes).
J’étais content de retrouver mes coéquipiers et de jouer pour la gagne dans les 6 dernières rondes. Malheureusement, ça ne s’est pas passé comme prévu… Même si le suspense est resté entier jusqu’au bout puisqu’il nous fallait battre Bischwiller à la dernière ronde pour leur prendre le titre, et que nous avons dû nous contenter d’un match nul sur le fil 4-4.
Avec 3 nulles et 1 victoire, je ne suis pas spécialement fier de mon parcours, mais je retiens quand même la sympathique combinaison que j’ai eu l’occasion de jouer contre Tiviakov dans le match Asnières-Chartres :
En zeitnot, mon adversaire n’a pas senti le danger et a joué le très risqué 36…Dxa3?. Après le joli double clouage croisé 37.Tc2! b4 (37…Db4 était plus résistant, mais le problème demeure que le Roi noir est trop faible, par exemple 38.Tcxc3 Txc3 39.De1 Tb3 [39…d4 40.Dd2!] 40.Dxb4 Txb4 41.Tc3! Rf8 42.Tc7) 38.h6! Da5 39.Dg4 g6 et ici, de nombreux chemins mènent à Rome, mais j’ai choisi le plus linéaire : 40.Tcxc3 bxc3 (40…Txc3 41.Cxg6! fxg6 42.Dxe6+ ou 41…hxg6 42.Dd4! ou encore 41…Txd3 42.Ce5+! Rf8 43.Dg7+ Re7 44.Cc6+) 41.Dh4 Da3 (41…Dd8 42.Txc3!) 42.Df6 Df8 43.Txc3! Txc3 (43…Tb8 44.Tc7) 44.Cd7! 1-0.
Organisées dans les locaux du Boston Consulting Group à Paris, les deux dernières étapes de la Coupe de France ont donné lieu à des combats très serrés : d’abord un match nul 2-2 contre Châlons, mais avec une victoire prédominante au deuxième échiquier d’Alekseenko. J’ai pour ma part annulé avec les noirs contre Grandelius (2645).
En finale en revanche, pour ce qui constituait la même affiche que la dernière édition disputée en 2019, nous avons disposé de Tremblay-en-France sur le score de 3-1, malgré ma nulle avec les blancs contre Malakhov (2652).
Asnières conserve donc la Coupe une année de plus !
Les parties classiques de Maxime au Norway chess :
Les parties armaggedon de Maxime au Norway chess :
Les parties de Maxime au Top16 :
Les parties de Maxime en Coupe de France :
A l’initiative d’Apollo Magazine, Maxime est allé à la rencontre de Mathieu Bodmer, 20 ans de carrière de footballeur professionnel derrière lui. Le Normand a sillonné les stades de France et d’Europe, sous les couleurs notamment du SM Caen, de Lille, du PSG, de l’Olympique Lyonnais, avant de raccrocher les crampons pendant la pandémie. Apollo anime une chronique Vice Versa, qui a pour objectif de permettre à deux personnalités, fan du champ d’activité de l’autre, de se rencontrer mais surtout d’échanger. On sait l’intérêt de Maxime pour le sport en général et le football en particulier, tandis que Bodmer, nommé Directeur sportif du Havre quelques jours après la publication de la vidéo, est féru de mathématiques et d’échecs.
Après la déception des Grands Prix Fide, j’avais pris le temps de décompresser, pour changer, pour recharger mes batteries. Donc, j’étais un peu dans l’inconnu en arrivant à Bucarest, dans le sens où je ne savais pas ce que ça allait donner sans préparation spécifique. Paramètre important également, la Fide venait d’annoncer que le Grand Chess Tour 2023 qualifierait les 2 premiers pour les Candidats 2024, donnant à l’édition 2022 un intérêt supplémentaire ; conserver sa place dans le circuit pour l’année suivante !
A ce sujet, je vais quand même dire deux mots. D’un côté, c’est une bonne chose dans la mesure où ça donne un enjeu supplémentaire au Tour ; c’était un peu le problème des saisons précédentes, cette déconnexion du circuit Pro avec le cycle de championnat du monde. Cependant, si l’on conservait en 2023 le format actuel à 9 joueurs « permanents du Tour », on aurait à mon sens trop peu de candidats aux deux premières places ; d’autant que si Carlsen et son challenger participaient, ce chiffre tomberait à 7 ! Donc clairement pour moi, il faudrait instaurer en 2023 des tournois de qualification, et évidemment augmenter le nombre de « permanents du Tour ».
Ronde 1 : MVL-DOMINGUEZ 1/2
Une assez bonne entrée en matière car je pense avoir plutôt bien manoeuvré et obtenu un petit avantage contre sa Petrov. Peut-être que je n’ai pas assez cru en mes chances, notamment dans la position finale ; mais je pensais avoir laissé filer une partie de mon avantage et je craignais même de me retrouver moins bien si je poussais trop.
Ronde 2 : SO-MVL 1/2
Une partie qui signe l’arrivée du Gambit-Dame Accepté dans mon répertoire, même si je l’avais déjà utilisé en Rapide. Je me suis dit que c’était le bon moment ; évidemment, ça fait plusieurs mois que cette option était dans l’air… Je n’ai pas eu énormément de problèmes à la sortie de l’ouverture. Malgré tout, on sent quand même mon manque d’expérience de ce type de positions, qui sont symétriques et presque égales, mais qu’il faut jouer de façon très précise pour complètement égaliser ; il y a souvent deux ou trois coups assez subtils à trouver.
Par exemple, un de ces coups subtils, ça aurait été ici, d’éviter de jouer 21…Tg5?! qui aurait pu me valoir quelques problèmes si Wesley n’avait pas opté pour la répétition après 22.Df3 Td5, mais choisi 22.Df4 (menaçant 23.Ta5 ou 23.Txa6) 22…Cd5 23.Df3, et la Tour n’est pas à l’aise en g5. A la place, j’aurais dû revenir en d8 avec la Tour (21…Tdd8), ce qui n’est pas forcément trivial, non ?
Ronde 3 : MVL-MAMEDYAROV 1/2
Une nulle assez rapide due au fait qu’à la sortie de l’ouverture – une Caro-Kann que je n’avais guère anticipée – j’ai opté pour un plan avec une manoeuvre Cd2-c4 que j’ai interrompue en cours de route, la position en résultant ne me plaisant pas trop.
Ronde 4 : MVL-CARUANA
L’Espagnole ouverte, et notamment l’Attaque Dillworth (11…Cxf2) faisait partie des options contre lesquelles je m’étais préparé.
Ici, je m’attendais surtout à 15…Dd6 ou 15…Fg4, les coups principaux de la position, mais il m’a surpris avec 15…Dd7.
Evidemment, j’ai compris son idée sur l’échiquier ; avec la Dame en d6, les blancs jouent 16.Fe3 et empêchent 16…Fg4? à cause de 17.Fxh7+! Rh8 (17…Rxh7 18.Cg5+) 18.De1 Fxf3 19.Dh4. En revanche après 15…Dd7, si les blancs jouent le normal 16.Fe3 (comme ils le font sur 15…Dd6), alors 16…Fg4 est possible, puisque la Dd7 protège le Fou.
Du coup, j’ai réagi différemment par 16.Fg5, en sachant que je prenais le risque qu’il soit toujours dans sa prépa, même si j’espérais que 16.Fg5 justement, ne soit pas le coup principal. Malheureusement, il a continué à blitzer ses coups : 16…Tae8 17.Dd2 d4! ; une réplique jouée a tempo, ce qui fait d’autant plus mal que ce n’était pas un coup auquel je m’attendais ; je pensais qu’il ne toucherait pas à son centre…
Enfin, après 18.Cg3, il a commencé à réfléchir, et a joué 18…h6 19.Fh4 (mais pas 19.Dd3? Ff5 20.Cxf5 e4!) 19…dxc3.
Ici, mon idée initiale était 20.Dxd7 Fxd7 21.bxc3 g5 22.Cxg5 hxg5 23.Fxg5 avec qualité de moins mais une grosse compensation, certainement suffisante pour l’égalité. Finalement j’ai quand même opté pour 20.Dxc3, même si les deux réponses 20…b4 et 20…Cd4 posaient question. 20…Cd4 21.Cxe5 Dd5 22.Cg6 Cxc2 23.Dxc2 Dd4+ 24.Rh1 Tf7! (mieux que 24…Tf2 25.Ce2!) était une ligne que j’avais du mal à évaluer. Quant à l’autre option 20…b4, elle amenait des problèmes différents. Tout d’abord 21.Dc5 Cd4 22.Cxe5? Dd5! et les noirs gagnent du matériel. Les échanges immédiats en d4, 21.Cxd4 Dxd4+ 22.Dxd4 exd4 me paraissaient également favorables aux noirs. Restait 21.De3, que je pensais jouer à l’origine, mais qui était basé sur une faute de calcul : 21…Cd4 22.Fg6? Txf3! (coup-clé que j’ai vu pendant qu’il réfléchissait, mais que je n’avais pas anticipé avant de jouer 20.Dxc3) 23.gxf3 Tf8! et les noirs ont trop de menaces. Du coup, j’aurais certainement choisi ma variante « back up », à savoir la finale avec la qualité de moins qui suit 21.Dd3 Dxd3 22.Fxd3 g5 23.Cxg5 hxg5 24.Fxg5, avec charge à moi de prouver que les compensations sont suffisantes.
En tout cas, ce qui est sûr, c’est que son 20…Txf3? m’a vraiment pris par surprise. Évidemment, la toute première réaction, c’est de se demander si on n’a pas gaffé quelque chose ! Après 21.gxf3 Cd4 22.Fd1! (forcé et peut-être raté par Fabiano), je me suis quand même demandé quelle pouvait être son idée. 22…Tf8 23.Ce4 Fc4 24.Rg2?! (24.Ff2! était beaucoup plus simple) 24…Tf4! 25.Fe1 (j’avais vu ses pièges basés sur un diabolique sacrifice de Dame en h3 ; 25.Fg3? Dh3+! 26.Rxh3 Ff1# ou 25.Ff2? Dh3+! 26.Rxh3 Ff1+ 27.Rg3 Cf5#). Évidemment, la position fait un peu peur visuellement, mais ce qui m’a rassuré, c’est que je n’ai vu aucun moyen de renforcer l’attaque pour lui. Sur 25…Fd5 je peux revenir par 26.Fg3, et sur 25…Df5, qu’il a finalement joué après une longue réflexion, j’ai pu tout désamorcer par 26.Cd2 e4 27.Fg3 exf3+ 28.Rf2! et c’est rideau.
Ronde 5 : NEPOMNIACHTCHI-MVL 1/2
Ian a tenté de me surprendre dans l’ouverture avec un ordre de coups très original mais après réflexion, j’ai compris que ça allait transposer dans des positions de la Sicilienne 3.Fb5+ que je connaissais déjà.
Après que j’ai confortablement égalisé, Ian s’est mis à chercher des moyens de continuer la partie. Mais ce n’était pas ce que requérait la position, et il a fini par se retrouver moins bien.
Le pion d5 est plus vulnérable que son homologue en d6 et mes pièces lourdes sont plus actives. Mais là, j’ai fait la faute de jouer un petit peu trop facile. Je sais que c’est quelque chose qui reste assez récurrent chez moi ; souvent lorsque j’ai l’avantage, je ne prends pas les dix minutes nécessaires pour me poser la question de savoir quelle est la suite la plus précise.
Ici notamment, au lieu de 27…a4 28.g3 a3, que j’aurais pu repousser à plus tard, j’avais l’opportunité de commencer par 27…h5! avant qu’il puisse m’empêcher de mettre mon pion en h4 ; avec un pion en h4, puis l’autre en a3, je pense que la défense noire aurait été beaucoup plus ardue, et il est bien possible que ce détail eusse pu faire la différence.
Quelque chose de similaire s’est produit dans la position finale :
Sans trop réfléchir, j’ai accepté la nulle par perpétuel après 41…Th1+?! 42.Rg1 Tg1+, passant totalement à côté de la possibilité 41…Te1!, qui aurait déjà forcé les blancs à trouver le seul coup 42.Td2 ; en effet si 42.Txe1? Dxe1, la menace …De2 gagnant le pion a2 ne peut être parée qu’en abandonnant f2. Et si 42.De3? Txe2 43.Dxe2 Db2!, encore une fois les noirs prennent a2 ou f2 et gagnent facilement. Après 42.Td2, la Tour a été forcée à une passivité totale, et même si la position blanche reste solide, ce sont les noirs qui ont tout loisir de continuer à poser des problèmes.
Ronde 6 : MVL-ARONIAN 0-1
J’ai pris la décision de jouer 1.d4 pendant la journée de repos qui précédait cette partie. J’ai donc eu pas mal de temps pour regarder les lignes sur les ouvertures favorites de Levon. Mais le problème quand on joue contre un spécialiste, c’est qu’il connaît ses schémas sur le bout des doigts. Et il se trouve en plus que je n’avais pas anticipé l’ordre de coups qu’il a choisi dans la variante de Vienne du Gambit-Dame.
Du coup, après réflexion, j’ai décidé d’éviter le grand coup 12.Rf1 dans cette position, qui est l’une des tabiya de la variante. En effet, je ne l’avais pas revu depuis trop longtemps… Après le rare 12.Re2 Db2+, ma première intention était de jouer 13.Re3 et de me contenter de la nulle après 13…Dc3+ 14.Re2. Mais j’ai vu la possibilité 13.Dd2 Dxd2+ 14.Rxd2 gxf6 15.Tac1 0-0 16.Tc7? (16.Re3 ou 16.Thd1 maintenaient une compensation suffisante pour le pion) et je pensais ne jamais être moins bien. Mais c’était compter sans la suite 16…Td8 17.Re3 Cb6 avec l’idée …f5! et les noirs prennent un clair ascendant, profitant notamment du fait que les blancs ne peuvent jamais abandonner le contrôle de d5.
Après 17…Cb6, j’ai compris le problème et c’était un peu la panique. Je n’ai pas bien défendu cette position difficile et j’ai rapidement perdu…
Ronde 7 : RAPPORT-MVL 0-1
Une partie intéressante avec une transposition dans l’ouverture assez surprenante, voire improbable, passant d’un Gambit-Dame Accepté à l’une des grandes lignes de la Méran populaire dans les années 90 ! Ayant eu l’occasion de jouer cette variante avec les blancs dans un lointain passé, je savais au moins qu’elle était censée être ok pour les noirs, même si je ne me rappelais plus de tous les détails.
De toute façon, c’est un type de position qui nécessite beaucoup de calcul, et petit à petit, j’ai résolu tous les problèmes posés.
Ici, j’ai trouvé 27…Cd7! et je me suis dit que j’étais peut-être déjà un peu mieux, notamment parce que je voyais 28.Tee1 Cf8, challengeant son seul atout dans la position.
C’est le moment qu’a choisi Richard pour faire ce qui restera sans doute comme la gaffe de l’année : 28.Cd5?? Cxe5, oubliant qu’après 29.Cxe7+ Txe7, les blancs ne matent pas par 30.Td8+ parce que le Fou planqué en a5 contrôle cette case !
Ronde 8 : MVL-DEAC 1/2
J’ai choisi une petite ligne marginale contre la variante 6…Fd6 de la Petrov.
Ici, je connaissais son coup nouveau 12…Ca6, et je savais que c’était mieux pour les blancs, mais je ne me souvenais plus comment – un grand classique à haut niveau 🙂 . Après 13.Ce5 Dc7, j’ai choisi 14.Cc3 qui m’a donné un tout petit plus. Les noirs doivent être très précis mais il a vraiment bien joué et trouvé les moyens de me neutraliser. D’ailleurs, Deac a été particulièrement solide pendant tout le tournoi, terminant à un très honorable 50%. A noter une particularité assez singulière chez le jeune roumain : sa propension à se retrouver en zeitnot, et à systématiquement se lever après chaque coup, même avec 30 secondes à la pendule, et quelle que soit la complexité de la position !
Ronde 9 : FIROUZJA-MVL 0-1
Je savais que je n’avais pas besoin de jouer pour le gain à tout prix parce que lui allait de toute façon le faire 🙂 . C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je ne m’attendais pas du tout à 4.g3 contre la Grunfeld.
Après, cette partie a un peu tourné au jeu du chat et de la souris ; je ne souhaitais pas prendre trop de risques mais je voulais lui laisser des options, surtout que je voyais bien qu’il prenait beaucoup de temps.
La première illustration de cette de cette approche se trouve ici, au sortir de l’ouverture. Je savais que je pouvais jouer 13…Db6 suivi de …c5, avec sans doute une structure symétrique et une égalisation confortable pour les noirs. Mais j’ai choisi l’autre break 13…e5!?, qui laisse plus de tension dans la position.
Le deuxième moment crucial, c’est quand je fais le choix de 27…Te3!? dans cette position. Evidemment, 27…Cc3 était normal, avec une position qui reste sensiblement égale. Mais je sentais que mon coup 27…Te3!? pouvait le faire vriller alors qu’il commençait à manquer de temps. Il a réagi par le très naturel et humain 28.Txc6, même si les machines préfèrent le timide 28.Tb2, forçant le sacrifice de qualité 28…Tc3 (28…Tee8 29.Cc4 n’est pas vraiment ce que l’on veut !) 29.Ce4 c5 30.Cxc3 Cxc3 avec l’idée …c4, et la position n’est pas si claire en pratique.
Vu la frustration que j’ai pu déceler sur son visage, je pense qu’après 28.Txc6 Tc3 29.Cc4 Txb3 30.e4 Te8, il a calculé la suite 31.Cd6 Te6 32.Td1 Cf6 avec l’intention de jouer 33.Tc7?, avant de se rendre compte que ça perdait sur 33…Txd6! 34.Txd6 Ce8. Ca explique à mon sens cette autre erreur 33.e5? et le fait qu’il n’ait pas trouvé les coups qui maintenaient plus ou moins l’équilibre, 33.Td4 ou 33.Tc5.
Finalement mon pion b passé lui a coûté une pièce et j’ai obtenu une finale que je crois objectivement gagnante. En revanche, elle pose de gros problèmes de conversion aux noirs, et offrait donc de réelles chances pratiques de nulle au camp en défense. Il faudrait une analyse plus pointue pour déterminer si ma conversion a été propre et si Alireza a raté de meilleures options…
Ayant rejoint in extremis So et Aronian à 5.5/9, nous avons donc disputé tous les trois un tie-break pour déterminer le vainqueur.
Tie-break 1 : SO-ARONIAN 1-0
Tie-Break 2 : MVL-SO 1-0
Tie-break 3 : ARONIAN-MVL 0-1
Quinze minutes après la fin de ma partie contre Alireza, nous étions donc à nouveau sur le pont, pour ma part sans avoir eu du tout le temps de préparer quoi que ce soit ; et à peine le temps de décompresser, en remontant quelques minutes dans ma chambre. Je n’avais pas trop de pression cependant, car je savais que les points du Tour seraient partagés (10 chacun) ; l’enjeu des 10.000 $ supplémentaires n’était pas prioritaire pour moi, et honnêtement, mon objectif était surtout d’inscrire une ligne de plus à mon palmarès.
Mes deux parties de tie-break ont été des combats tactiques de très haute intensité, il y a eu beaucoup de moments incroyables, je vais juste en sélectionner un par partie.
Ici, j’ai trouvé l’idée difficile (et courageuse 🙂 ) de passer le Roi à l’aile-Dame via e1 et d2. 35.Re1! Te6+ 36.Rd2 et après de nombreuses autres péripéties, j’ai fini par valoriser mon pion de plus.
J’ai sacrifié sans hésiter le Cavalier par 25…Ce4!, car j’ai perçu intuitivement qu’il y aurait une compensation terrible. Après de nombreuses aventures là encore, j’ai fini par gagner au temps dans une position qui était redevenue gagnante à ce moment-là (exactement comme contre So d’ailleurs !).
Dans ces deux tie-breaks, en dépit de l’issue heureuse, j’ai senti que la fatigue d’une partie longue m’affectait. Notamment, et c’est un signe très clair, je ne maîtrisais plus rien à la pendule ; d’habitude, j’ai une horloge dans la tête et en 10+5, jamais je ne me retrouve à jouer des coups avec seulement 1 seconde ; là ça m’est arrivé deux coups de suite !
Finalement, les choses ont tourné en ma faveur et je suis très heureux d’avoir démarré ce Grand Chess Tour 2022 comme je l’avais terminé en 2021, à savoir par une victoire en Classique !
Je reprendrai le circuit le 20 juillet avec le tournoi Rapide/Blitz de Zagreb, mais en attendant, place au Norway Chess qui débute le 30 mai avec ses attractions habituelles, notamment la partie Armaggedon en cas de nulle ; mais aussi ses nouveautés 2022, à savoir le retour des semi-retraités Anand, Topalov et Wang Hao !
Les parties de Maxime
Rey Enigma est un youtubeur espagnol dont on ne connaît pas l’identité. Il se présente toujours habillé d’une combinaison à carreaux noirs et blancs qui simule un échiquier et masque intégralement son visage. Il utilise un modificateur de voix dans ses apparitions publiques. Seules 6 personnes au monde connaissent sa véritable identité et il utilise des protocoles très stricts pour conserver son anonymat. A ses débuts, il défiait les badauds dans les parcs de Madrid mais rapidement, il a pu se mettre en scène avec certains des meilleurs joueurs du monde, allant jusqu’à défier Karpov dans la version espagnole de la célèbre émission « Spain’s got talent » ; l’occasion pour lui de battre le record de la partie d’échecs la plus suivie de l’histoire !
Rey Enigma était présent au Grand Chess Tour de Bucarest afin d’y rencontrer Kasparov. La veille de l’ouverture du tournoi, il a défié le champion du monde de blitz MVL en 1-1. La partie s’est déroulée à la terrasse d’un bar de la capitale roumaine, et vous pouvez la suivre ici :
Le Grand Prix FIDE, avec ses deux places qualificatives pour le Tournoi des Candidats du mois de juin, constituait mon objectif majeur de l’année 2022. J’avais donc mis en place une préparation spécifique pour aborder dans les meilleures conditions les deux tournois de Belgrade et de Berlin. Même si je me suis senti particulièrement affûté, notamment à Belgrade, force est de constater que le résultat n’a pas été à la hauteur de mes ambitions…
Retour sur les moments-clé de cette compétition :
BELGRADE
Ronde 1 : MVL-PREDKE 1/2
Une partie très importante dès le début, puisqu’elle m’opposait au joueur théoriquement le plus faible du groupe avec les blancs. Je me suis emmêlé les pinceaux à la fin de l’ouverture et je me suis rapidement retrouvé assez mal à cause d’une grosse faute de calcul.
Ici, j’ai joué 19.dxe5? (19.exd5 était nécessaire), je me suis levé et j’ai immédiatement réalisé qu’il y avait 19…dxe4! que je n’avais pas du tout considéré, me focalisant uniquement sur 19…Cxe4 et 19…Cxe5. Un début catastrophique, mais aussi un avertissement sans frais puisque Predke n’a pas su accroître son avantage.
Ronde 2 : MVL-MAMEDYAROV 1/2
Deuxième partie blanche, et deuxième embrouille dans l’ouverture, cette fois une Espagnole ouverte des plus tendues.
La partie a basculé en faveur des noirs, mais l’Azéri m’a laissé m’en sortir en optant pour 24…d2? 25.Txe2 d1=D+ 26.Txd1 Dxd1+ 27.Cf1 Dxe2 28.Dxg5+ Rf7 29.Df5+ Rg8 et nulle, car le Roi noir peut certes traverser l’échiquier, mais pas échapper au perpétuel ! En effet, si 29…Re7 30.De5+ Rd7 31.Dd5+ Rc7 32.Dxc5+ Rb7 33.Dd5+ Rb6 34.Dd6+. A la place, il pouvait garder ses deux pions passés en l’état et commencer par 24…gxh4 25.Cxe2 Ta7! ; pendant la partie, je n’avais pas imaginé que ce coup pouvait être si fort. Si 26.Tad1 c4 ; si 26.Cf4 Tf7!, idem 26.Dxc5 Tf7, et dans tous les cas, la menace potentielle des deux pions passés liés en 6è est plus forte que leur utilisation immédiate !
Après une nulle solide avec les noirs contre Yu Yangyi, j’ai eu l’occasion de renouer avec la Najdorf contre Predke.
Ronde 4 : PREDKE-MVL 0-1
Dans cette sous-variante avec Fg5/Df3 sans f4, je savais que le schéma normal était de jouer …Dc7 et …Cbd7. Mais j’ai choisi d’improviser avec 8…Da5!? 9.h4 (9.Fd2 Dc7 serait à mon avantage) 9…Fd7. Ici, j’ai passé beaucoup de temps à évaluer les conséquences de 10.e5 dxe5 11.Cxe6!? qui me semblait être la suite critique pour les blancs. Voici par exemple une variante que j’ai vue sur l’échiquier ; 11…fxe6 12.Fxf6 gxf6 (obligé, on verra plus loin pourquoi) 13.Dxb7 0-0 14.Txd7 (mais pas 14.Dxa8? Fc6 15.Da7 Fc5! – un coup qui n’existerait pas si on avait pris du Fou en f6 au 12e coup !) 14…Cxd7 15.Dxd7 Fc5 avec un jeu très incertain.
J’ai été plutôt soulagé de voir Predke opter pour 10.Fc4 Cc6 11.Fb3 car j’avais conscience d’avoir obtenu une Najdorf très saine après 11…h6 12.Fe3?! (mieux valait échanger d’abord en c6) 12…Ce5!.
Plus tard dans la partie, il m’a à nouveau surpris en n’optant pas pour la suite qui me semblait une nouvelle fois critique, et qui consistait encore à sacrifier en e6 : 24.Fxe6!? fxe6 25.Txe6. Ici, j’avais prévu 25…Cd5!? (25…Cg8 est possible aussi) 26.Cxd5 Txe6 27.Cc7+ Rf7 28.Ce5+ Texe5 29.Dxg4 Fe4 et malgré le déficit matériel, les noirs semblent avoir une très forte attaque, même si la machine reste stoïque et démontre une nulle forcée pour les blancs après 30.Tf1+!.
J’ai joliment conclu cette partie, dont j’étais assez content. Au niveau du calcul, je me sentais plutôt bien affûté à Belgrade…
Ensuite, j’ai ensuite dû concéder la nulle face à la Petroff de Yu Yangyi, malgré un petit avantage persistant, mais finalement insuffisant, avant d’aborder la dernière ronde des poules, où je devais tenir avec les noirs contre Mamedyarov.
Ronde 6 : MAMEDYAROV-MVL 1/2
J’ai décidé de renoncer à la Grünfeld et de me reporter sur le Gambit-Dame, une ligne que j’avais déjà jouée au Championnat d’Europe des Nations contre le Grand-Maître turc Dastan.
Fidèle à lui-même et en accord avec l’enjeu, Mamedyarov a choisi une suite très aigue avec roques opposés, nous obligeant vraiment à jouer au coup par coup.
Après quelques péripéties, nous sommes arrivés à la position suivante :
Ici, j’aurais pu opter pour le naturel 28…Dd4 29.Dxd4 Fxd4, mais les blancs conservaient un léger plus dans la finale. Et j’ai trouvé quelque de chose de plus forçant et de plus élégant 🙂 . 28…Tac8 29.h4 De3! 30.Te2 Tc1+! 31.Txc1 Dxd3+ 32.Ra1 Da6! – la pointe finale, les blancs ont un tempo à leur disposition, mais ils n’ont pas d’autre choix que de répéter : 33.Rb1 Dd3+ et nulle.
1/2 Finale aller : RAPPORT-MVL 1-0
Une partie où je suis totalement passé à travers, notamment après avoir complètement sous-estimé la position blanche dans l’ouverture. Pas grand-chose à dire…
1/2 Finale retour : MVL-RAPPORT 1/2
Je m’attendais à ce que Richard répète la solide défense Petrov, qu’il avait déjà jouée dans le tournoi. Et le fait est qu’il m’a vraiment surpris dans le début, avec ce choix de la Steinitz différée, sacrément osé dans une situation où la nulle suffit ! Il n’empêche que son choix s’est avéré payant puisqu’il est parvenu à égaliser. Néanmoins, il m’a laissé des chances en jouant de manière imprécise le début de la finale, jusqu’à ce que nous arrivions dans la position suivante après le contrôle de temps :
Ici, j’ai trouvé le bon coup 43.Td3! et j’étais à peu près sûr d’être gagnant. Malheureusement après 43…T2h6, j’ai fait un premier pas dans la mauvaise direction avec 44.Ta7, même si ce coup est aussi gagnant. 44.b3! tout de suite était un choix plus pratique, forçant 44…Cd6 (44…Ca5? 45.Tb6+ Ra3 46.b4+) et maintenant 45.Ta7, profitant du fait que le Cavalier ne peut pas s’activer via b5 à cause de 46.Ta4 mat ; et si 45…c4 46.bxc4 Rxc4 47.Td7! Cb5 48.Cg4 gagne. Après 44.Ta7, Richard a trouvé la défense la plus résiliente 44…Tb8! 45.b3 Ca5 46.Cg4 Cxb3.
Ici, je pensais que les deux coups candidats 47.Txg7 et 47.Cxh6 étaient gagnants tous les deux. Même si tout calculer dans ce genre de position reste assez difficile, j’aurais dû comprendre que 47.Cxh6! réduisait considérablement les options noires : 47…gxh6 (j’avais vu que l’intermezzo 47…c4 48.Td6! ne marchait pas) 48.Tdd7 et là, je me suis imaginé qu’après 48…Rc3, il pouvait exister des scénarios où la Tour noire se sacrifie sur les deux pions de l’aile-Roi tandis que le pion c me coûtera une Tour ; scénario certainement pas très réaliste ! Du coup, j’ai choisi 47.Txg7?, mais je n’avais pas anticipé l’excellent repositionnement de la Tour noire par 47…c4 48.Td1 Thh8 49.Cxe5 Thc8!, après quoi certes tout se joue au tempo près, mais je crois que les blancs n’ont plus de gain !
Avec 7 points au compteur du Grand Prix, je savais qu’il me faudrait sans doute m’imposer à la dernière étape de Berlin pour espérer me qualifier aux Candidats.
BERLIN
Ronde 1 : PREDKE-MVL 1-0
Une entrée en matière encore une fois calamiteuse avec ce coup horrible 14…0-0?. Mon adversaire a répliqué instantanément 15.g4!, la réfutation qu’il connaissait. Les blancs veulent simplement ouvrir la colonne h par h4, sans que les noirs ne puissent la fermer par …g4. Le plan est quasiment imparable, ma position est spontanément devenue désastreuse, et de surcroît, je n’ai opposé qu’une maigre résistance.
Ronde 2 : MVL-SHANKLAND 1/2
Sam m’a surpris en jouant une sous-variante de la finale Berlinoise qui me semblait stratégiquement risquée. Mais il avait vraiment bien préparé son coup et a été très précis jusqu’au bout ; c’était un pari osé et ça a bien marché pour lui.
Ronde 3 : SO-MVL 1/2
Grâce enfin à une bonne préparation, j’ai su neutraliser les ambitions de Wesley dans la Grunfeld avec Fg5. Les blancs ont conservé jusque dans la finale un très léger avantage, mais plus symbolique qu’autre chose.
Ronde 4 : MVL-PREDKE 1-0
Predke s’est avéré être incroyablement préparé sur son Espagnole Zaïtsev : et pas sur de longues variantes tactiques, mais sur une idée générale de l’organisation de ses pièces.
Ici, au lieu du mécanique et standard 12…Ff8, il a joué 12…Dd7 13.d5 Ca7. Les noirs vont poursuivre par …c6, puis …Fd8 et …Cc8-e7, et enfin …Fc8 suivi de …Db7 et du clou du spectacle, …Fb6 ; au lieu de se morfondre en f8, le Fou vient s’échanger contre son homologue en e3 !
Toute la manœuvre est splendide en réalité, et Predke a récité son concept jusqu’au bout sans aucune hésitation ! C’est vrai que ça semble bizarre de choisir une ligne vraiment pas forçante et de jouer juste sur le regroupement de pièces dans un type de position où l’avantage d’espace est censé favoriser les blancs…
Du coup, j’ai été obligé de prendre beaucoup de risques, et c’est ce que j’ai fait ! 21.Dd2 Rh7 (je me doutais qu’il n’autoriserait pas 21…Fb6 22.Fxh6!?, même si ce sacrifice est sans doute objectivement douteux : 22…gxh6 23.Dxh6 Ch7 [23…Cg6? 24.Cf5] 24.Ce2 [24.Dxd6 f6!] 24…Rh8! et les noirs devraient graduellement repousser l’attaque) 22.f4!?, là encore autorisant 22…exf4 (Predke a préféré jouer le solide 22…Cg6) 23.Fxf4 g5. Mon idée était 24.e5 initiant de massives complications tactiques, mais je n’étais pas sûr de moi à 100% ; toujours est-il que je me suis dit : « ok, charge à lui de s’amuser à calculer ça ! »
Après beaucoup d’autres péripéties, nous sommes parvenus à la position suivante :
En zeitnot, Predke a paniqué par 37…Tb2?, craignant que la percée en e5 ne permette au Fb1 de faire des ravages. De mon côté, j’avais déjà anticipé la suite 37…Txf1 38.Txf1 Cf6 39.e5 dxe5 40.Ff5 et la partie continue, même si objectivement les noirs ne risquent plus rien après 40…Dc7!. Dans la partie, après 37…Tb2? 38.Cf8+ Rg8 39.Ce6, la position noire devient difficile, mais Predke a abrégé ses souffrances avec 39…Txb1? 40.Txb1 De7 41.Rh3 Da7 42.Tf3! 1-0, la Dame noire est totalement impuissante…
Ronde 5 : MVL-SO 0-1
Pour cette partie décisive, j’ai décidé pendant la journée de repos qui précédait de jouer 1.d4. Je me suis dit que Wesley allait passer sa journée à peaufiner sa Berlinoise, et que ce serait donc le meilleur choix pratique 🙂 . Sans cette journée de repos, je serais resté sur 1.e4.
J’ai choisi de contrer la Nimzo-Indienne par la variante 4.f3, même si je savais que Wesley aurait une ligne précise prévue, ne serait-ce que parce qu’il avait joué la Nimzo contre Shankland à la première ronde… Mais mon espoir, c’était qu’il se soit gavé de Berlinoise et que je lui amène une toute autre position que celle attendue 🙂 .
L’effet de surprise a plutôt bien marché, surtout avec mon coup 10.g4, qui a suscité une très longue réflexion de sa part.
Malheureusement, après 10…h5 11.Cg3 g6, je n’ai pas pris assez de temps pour jouer 12.Fxc4?!. A la place, la machine suggère 12.h4, que je n’ai pas du tout envisagé, mais en revanche, j’ai tout de suite regretté de ne pas avoir joué 12.Fe2, pour jouer l’attaque, avec par exemple le plan 0-0 suivi de g5 et f4. C’était à l’évidence un meilleur choix pratique, qui ne lui laisse pas un planoncret et facile comme dans la partie.
En effet, après 12.Fxc4?!Fxc3+ 13.bxc3 Da5, je pensais que j’aurais du jeu, et j’étais d’ailleurs tout à fait disposé à sacrifier le pion g4 s’il le fallait. Mais la continuation de la partie 14.Dd3 Cb6 15.Fb5+ Fd7 16.Fxd7+ Cbxd7 17.g5 h4! (un coup très important que j’avais raté de loin) montre que les noirs ont en réalité déjà largement résolu tous leurs problèmes.
Wesley a ensuite très bien joué et il n’y a rien à dire. Je ne peux pas regretter ce choix dans l’ouverture, je l’ai pris en connaissant les risques, mais en sachant aussi qu’une nulle ne me serait certainement pas favorable.
Ronde 6 : SHANKLAND-MVL 1/2
Seul un miracle aurait pu me laisser en course pour la qualification à l’issue de cette dernière ronde. J’ai pu placer une idée nouvelle dans la variante hongroise de la Grunfeld, mais l’Américain, malgré quelques grosses sueurs, a su déminer tous les pièges et à trouver le dénouement sous forme d’échec perpétuel. Une fois n’est pas coutume, c’est moi qui ai récité de bout en bout !
D’une manière générale, j’ai fait trop d’erreurs dans ces tournois du Grand Prix. Pour l’anecdote, avec la place de finaliste de Nakamura à Berlin, même une victoire finale en Allemagne ne m’aurait pas qualifié pour les Candidats !
Malgré la déception, la vie continue, et les choses sérieuses reprendront pour moi le 5 mai, avec le début du Grand Chess Tour 2022 à Bucarest…
Les parties de Maxime :
Les parties de Maxime à Belgrade :
Les parties de Maxime à Berlin :
En janvier, Maxime est devenu ambassadeur du projet Immortal Game, (LIEN https://immortal.game) une plateforme d’échecs en gestation qui surfe sur les évolutions techniques de ces derniers temps. Basée sur la blockchain, cette plateforme proposera un jeu d’échecs aux règles strictement inchangées, mais « enrichi » de quelques pièces NFT qui permettront d’accomplir des « quêtes » parallèles (« ne pas roquer », « garder tel pion en vie », « réaliser une prise en passant » etc…) rapportant des points supplémentaires. Ainsi, les incitations pour les joueurs à accomplir leurs quêtes modifieront légèrement la façon de concevoir la stratégie de la partie. Immortal Game est pour l’instant en phase de test Alpha, et sa version publique devrait être lancée dans le courant de l’année.
Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web. Si vous continuez à utiliser ce site, nous supposerons que vous en êtes satisfait.OkNon