Je n’avais eu l’occasion de jouer que 2 parties cette saison avec mon club de Baden-Baden, et j’étais donc ravi de pouvoir disputer le week-end final de l’année, celui qui, sauf catastrophe, devait nous ramener le titre. Même si pour ce faire, je devais revenir en Allemagne seulement 6 jours après l’avoir quittée, à la fin du Grenke Chess Classic !
Je suis donc arrivé samedi 29 avril à Berlin, là où les 16 équipes de Première division étaient réunies.
J’ai appris très tardivement par mon capitaine que je serais sollicité, et je n’ai pu prendre mes billets d’avion qu’à la dernière minute. La veille du départ, je m’étais endormi très tard (devant la NBA, j’avoue !). Heureusement donc que je ne jouais pas le samedi, car après un vol très matinal, (je suis parti de chez moi à 5h du matin), je ne suis pas arrivé en très grande forme à Berlin…
D’abord une sieste réparatrice
La salle de jeu se situait dans l’hôtel Maritim de Berlin, où nous étions logés, et je me suis immédiatement laissé aller à une sieste réparatrice dans ma chambre puisque je ne jouais pas, plutôt que de regarder mes coéquipiers faire leur travail très proprement.
Avec cette victoire, le titre était mathématiquement acquis, et nous avons pu le fêter le soir même au Grill Royal, un restaurant de viande très réputé à Berlin. Tout le monde apprécia les très beaux morceaux de viande grillée, sauf évidemment les deux pescétariens de l’équipe (ils mangent le poisson, mais pas la viande…), Vishy Anand et Levon Aronian.
Le lendemain pour l’avant-dernière ronde, il s’agissait quand même de soigner le score et d’essayer de finir avec 15 victoires en autant de rondes. Opposé au n°1 autrichien Markus Ragger, j’ai été surpris par son extension précoce à l’aile-dame par …a5. Après mon coup critique f4, il avait à faire un choix délicat ; il a finalement refusé les complications issues de …Cxd4!?, et a choisi une ligne plus tranquille, qu’il croyait sans danger. Malheureusement pour lui, il n’a jamais pu établir le blocus désiré du Cavalier en d5. Par la suite, j’ai bien maîtrisé les conséquences de ma percée en d5, mais j’ai quand même oublié sa seule chance, qui était de jouer …f4!. Malgré la surprise, j’ai pu conserver l’avantage avec Dd4! et la suite précise qui s’en est suivi jusqu’au 40e coup, moment fatal où mon adversaire gaffa avec 40…e3??, immédiatement perdant. A noter que le score final de 6.5-1.5 ne reflète absolument pas la physionomie de ce match difficile.
Un nouveau défi à 6h50
Le lendemain dimanche, l’ultime ronde était programmée à l’horaire difficile de 10h du matin. Contre un jeune MI allemand, j’avais la tâche jamais aisée d’essayer de gagner avec les noirs. J’ai décidé de jouer mes lignes habituelles dans la Sicilienne Alapine, et je lui ai posé un problème dès le début avec …De6+. Je pris alors un avantage, qui débouchera sur une finale agréable et le gain d’un pion après le 40e coup. Malheureusement je me suis relâché juste après, et je n’ai pas été très précis. J’ai tout de même repris le fil et remporté la finale Cavalier contre Fou avec 4 pions contre 3 sur la même aile, aidé tout de même par le fait qu’il n’a jamais joué f3!, sa meilleure défense.
Un nouveau défi m’attendait alors ; arriver à l’heure pour le vol retour programmé à 6h50, suffisamment tôt pour un rendez-vous crucial fixé dans la matinée à Paris. En effet, après quelques péripéties, j’avais enfin la chance de décrocher le Graal, un visa pour la Russie qui me permettrait de ne pas rater le prochain épisode, à savoir le 2e Grand Prix FIDE à Moscou, qui débute vendredi prochain ! (départ mercredi 10 mai).