Préparer un voyage en Russie, c’est souvent accepter de gérer des tracasseries administratives en amont, tant les autorités locales sont scrupuleuses, notamment en matière de délivrance de visas. Pour Maxime, il aura fallu plusieurs rendez-vous pour finalement obtenir le précieux sésame, seulement 5 jours avant son départ, programmé le 10 mai.
En dépit des difficultés et des incertitudes actuelles au sein de la FIDE, la deuxième étape du Grand Prix a pu être programmée dans le prestigieux immeuble Central Telegraph, là où avait eu lieu le Tournoi des Candidats en 2016 ; à deux pas du Bolchoï et du Kremlin, cette salle de jeu a le grand avantage d’être très centrale, et à quelques minutes seulement (à pied heureusement !) de l’hôtel où résident les joueurs, le très luxueux Ararat Park Hyatt.
Sur le plan organisationnel, tout est donc réuni dans la capitale russe, pour que les joueurs produisent le meilleur spectacle. Mais malheureusement, à cause notamment du système choisi dans ces Grand Prix (un open de 9 rondes avec 18 joueurs) on a craint, dans les toutes premières rondes, une nouvelle hémorragie de parties nulles, comme lors du premier tournoi à Sharjah. Les participants, et notamment ceux qui disputent les deux places qualificatives pour le tournoi des Candidats 2018, semblent souvent contractés par l’enjeu, et le nombre de parties nulles s’est une nouvelle fois avéré très élevé lors des rondes 1 et 2. De plus, certaines d’entre elles ont été conclues très rapidement, en l’absence de règlement spécifique sur l’accord mutuel, ce qui constitue, par les standards actuels, une curiosité.
Chaque demi-point vaut de l’or en barre
Heureusement, cette tendance ne s’est pas confirmée lors des rondes 3 et 4, qui ont vu beaucoup de résultats décisifs.
Néanmoins après 4 rondes, les trois têtes de série et le co-leader du Grand Prix, à savoir Maxime, Nakamura, Giri et Grischuk, affichaient tous 2 points au classement, après 4 nulles consécutives chacun. Le suivant sur la grille de départ, Nepomniachtchi était lui aussi arrivé au même résultat, mais selon un scénario tout autre ; deux victoires avec les noirs et deux défaites avec les blancs ! C’est dire l’âpreté du combat en tête, chaque demi-point d’écart avec ses concurrents valant de l’or en barre.
Que dire des 4 premières nulles de Maxime ? Qu’il n’a pas obtenu grand-chose avec les blancs contre Adams et Gelfand, et qu’il a annulé très facilement avec les noirs contre la n°1 mondiale Hou Yifan. Mais surtout qu’il a frisé la correctionnelle contre un concurrent direct, Alexander Grischuk, malgré un traitement insolite de la Najdorf préférée de Maxime de la part du Russe. Acculé, Maxime a su faire preuve d’ingéniosité défensive pour rester à flot (on pense au sacrifice de pion 24…h5!?), même s’il faut bien concéder que Grischuk a certainement raté plusieurs opportunités entre le 30e et le 40e coup.
Maxime ouvre le score
La ronde qui précède une journée de repos est toujours importante. C’est la raison pour laquelle la 5e partie, contre l’avant-dernier Elo du tournoi, l’Emirati Salem Saleh, de surcroît avec les blancs, imposait à Maxime de prendre le point entier, sous peine de se faire dangereusement distancer. Et c’est ce qu’il fit de fort méthodique façon, n’octroyant aucun répit à son adversaire, qui ne parvint jamais à surmonter le handicap d’une ouverture sans les Dames certes simplifiée, mais le laissant trop en retard en termes de développement.
Lors de la 6e ronde, Maxime affrontera le Chinois Ding Liren avec les noirs…
Mais en attendant, place au repos ce mercredi 17 mai, avec tout de même un match de foot programmé sur la « Adidas base », une succession de mini-terrains installés sur le toit d’un immeuble !
Après ces émotions dans le ciel moscovite, il sera toujours temps pour Maxime de revenir en France par la pensée et d’assister, au gré de son humeur, à la nomination du nouveau gouvernement, puis au probable sacre de Monaco en Ligue 1, face à Saint-Etienne !